Treizième ministre de la communication en quinze ans : Symbole de l’instabilité

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
06 Mayo 2014

Le ministère de la Communication s’est illustré durant le règne de Bouteflika par une instabilité chronique.

Treize ministres en quinze ans. C’est devenu une tradition : à chaque remaniement gouvernemental, le portefeuille de la Communication change naturellement de détenteur, alors que d’autres départements ont vu vieillir les locataires. Une caractéristique qui atteste du peu de sérieux accordé à ce secteur, mais aussi et surtout emblématique de l’anarchie régnant dans un champ médiatique en jachère. Il est certain que le poste de ministre relève plus du fonctionnariat bureaucratique que du poste politique avec des prérogatives pouvant donner au titulaire une marge d’action.

L’ex-ministre de la Communication, Boudjemaâ Haïchour, avait confessé, quelques années après son limogeage, qu’en qualité de ministre, il n’avait «aucun vrai pouvoir». Mohamed Saïd, lui aussi, l’a appris à ses dépens en se rendant compte que sa marge de manœuvre était extrêmement réduite. Les nombreux ministres qui se sont succédé dans l’imposant bâtiment de Ruisseau, promettant monts et merveilles, se sont vite aperçu qu’ils étaient nommés pour que rien ne bouge dans le secteur.

Dès son retour au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika a clairement fait savoir que les médias publics étaient son pré carré. Le désormais ex-chargé de la communication de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy, Hamid Grine, nommé ministre de la Communication à la faveur du remaniement ministériel d’hier, ne va sans doute pas déroger à cette règle très algérienne. Puisé dans le registre de la «société civile», Hamid Grine – ami de Abdelmalek Sellal – s’est illustré durant la campagne présidentielle par un soutien actif et intéressé à la candidature de Bouteflika.

Sous le pseudonyme de Ghani Gedoui, il a commis des «bloc-notes» dans un site électronique à la gloire du Président, doublés d’attaques parfois insultantes à l’égard des adversaires politiques du locataire d’El Mouradia. Vertement critiqué sur les réseaux sociaux, Hamid Grine s’est toujours défendu d’être l’auteur qui se cachait derrière Ghani Gedoui, tourné en dérision par les internautes. S’il a bien dissimulé son ambition derrière le soutien actif au 4e mandat de Bouteflika, il s’est trahi en faisant clairement une offre de service dans son avant-dernier bloc-notes. Il s’est fendu d’un long texte brocardant son désormais prédécesseur, Abdelkader Messahel : «Un mauvais ministre de la Communication et un amateur du bon vin.» Façon de dire «je suis le ministre qu’il faut». Visiblement, le message a été bien reçu.

Si pour l’instant, on ne sait pas de quoi sera fait le «projet» de Hamid Grine pour «sortir le secteur de la communication de l’opacité qui le ronge», les journalistes, par contre, n’ignorent pas les rapports peu cordiaux qu’entretient Grine avec la corporation. Le talentueux journaliste Mahmoud Belhimer en sait quelque chose….
 

 

Autor: Hacen Ouali

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/treizieme-ministre-de-la-communication-...