Le Hezbollah ne parvient toujours pas à imposer le projet de proportionnelle intégrale

Fuente: 
L'Orient Le Jour
Fecha de publicación: 
23 Mar 2017

Si d'aucuns estiment que les négociations politiques portant sur une nouvelle loi électorale sont tombées dans l'immobilisme, en attendant le retour du Premier ministre Saad Hariri et du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, de leur voyage en Égypte et aux États-Unis respectivement, le progrès pourrait bien émaner du courant du Futur qui aurait laissé entendre qu'il est ouvert à la proportionnelle intégrale, estimait-on hier dans certains milieux politiques.

Des sources proches de la formation haririenne ont indiqué à l'agence al-Markaziya que le parti dirigé par Saad Hariri serait prêt à se prononcer en faveur de la proportionnelle intégrale appliquée au niveau d'une circonscription unique, à condition de passer des garde-fous au vote préférentiel appliqué au niveau du caza.
Dans les mêmes milieux, on justifie cette "nouvelle'' position du courant du Futur par « la volonté et la conviction de Saad Hariri de la nécessité de faire des concessions pour arriver à une solution à même de sortir le pays de la crise actuelle ».

Or Ahmad Hariri, secrétaire général du parti, n'a pas tardé à redresser la position de sa formation quant à ce dossier. S'exprimant hier lors d'une tournée à Minyé (Liban-Nord), M. Hariri a déclaré sans détour : « Nous refusons qu'un nouveau texte électoral soit voté à nos dépens. » Faisant état de « certaines propositions visant à réduire l'audience du parti », Ahmad Hariri a été jusqu'à ajouter : « Si nous avons 30 députés, nous voulons voir ce nombre augmenter jusqu'à 40 après les législatives. »

À l'heure où certains espéraient une percée positive tant attendue à partir du nouveau positionnement haririen, un observateur politique semble vouloir réduire l'importance d'un tel positionnement. Il en veut pour preuve le discours d'Ahmad Hariri. À L'Orient-Le Jour, cet observateur indique qu'à travers cette déclaration, le courant du Futur a voulu affirmer son ouverture à toutes les propositions de loi. Selon lui, « Saad Hariri ne voudrait pas donner l'impression de s'opposer catégoriquement à la proportionnelle intégrale pour laquelle plaide le Hezbollah ». Cet observateur ne manque toutefois pas de faire valoir que « si le courant du Futur laisse entendre qu'il est ouvert à une discussion sur la proportionnelle intégrale, cela n'éclipse aucunement le veto des Forces libanaises (FL), du Courant patriotique libre (CPL) et bien d'autres protagonistes ».

 

(Lire aussi : Levée de boucliers FL contre le Hezbollah, plus que jamais attaché à la proportionnelle intégrale)

 

Les FL accusent le Hezbollah
Si M. Hariri ne voudrait pas céder à ce que certains appellent « le chantage du Hezbollah », c'est dans le camp du parti chiite que les FL renvoient la balle du nouveau code électoral.
Dans un entretien accordé à la Voix du Liban (93,3), Fadi Karam, député FL de Koura, a ouvertement accusé le parti dirigé par Hassan Nasrallah d'entraver l'adoption du texte par son soutien indéfectible à la proportionnelle intégrale. « Le parti chiite pousse pour cette option parce qu'il a constaté les avantages de la formule mixte au niveau de l'amélioration de la représentativité des chrétiens », a souligné M. Karam, assurant que son parti refuse tout texte prévoyant le Liban circonscription unique (soutenu par le parti de Hassan Nasrallah).

Un cadre proche de Samir Geagea se veut plus ferme : « Toutes les discussions autour de la législation électorale prouvent que le Hezbollah a délibérément mis en échec toute proposition de loi présentée par Gebran Bassil, sans raisons valables », indique-t-il à L'OLJ, avant de poursuivre : « Les remarques du parti chiite sur le dernier projet mixte du ministre des AE laissent croire qu'il voudrait contrôler les résultats du scrutin, s'appuyant sur une supériorité démographique. »

Ce proche de M. Geagea tient à mettre l'accent sur le timing de ces remarques : « Alors qu'il étudiait le projet Bassil, Hassan Nasrallah a assuré que la priorité devrait être accordée à la mise sur pied du nouveau code, sans pour autant progresser vers un terrain commun, en l'occurrence la formule mixte », note-t-il. Et d'ajouter : « Ces remarques ont coïncidé avec les manifestations place Riad el-Solh. » Selon lui, « cela est un message fort au mandat Aoun, dans la mesure où le Hezb a voulu faire part de sa capacité à faire chuter Michel Aoun, si ce dernier ne gravite pas autour de l'orbite de la formation de Hassan Nasrallah ».

 

(Lire aussi : La Constitution et les citoyens, victimes collatérales du nouveau consensus politique ?)

 

L'optimisme aouniste
Du côté de Baabda, Michel Aoun continue d'exercer une pression en vue d'inciter les protagonistes à aller de l'avant dans l'adoption d'un nouveau texte. C'est à la faveur de cette logique qu'il a refusé de signer le décret de convocation du collège électoral pour la deuxième fois. Le CPL reste, lui, optimiste quant à la possibilité d'adopter une nouvelle loi électorale prochainement. Joint par L'OLJ, Alain Aoun, député aouniste de Baabda, souligne que « les choses progressent dans le sens d'une loi axée sur la formule mixte ». « Les contacts devraient se poursuivre à partir de vendredi, sachant que nous étudions et traitons les remarques formulées par les diverses formations politiques concernant la dernière version de la formule mixte présentée la semaine dernière par Gebran Bassil », affirme-t-il.

Date: 23/03/2017 

Author: Yara Abi Akl 

Source: https://www.lorientlejour.com/article/1042412/le-hezbollah-ne-parvient-toujours-pas-a-imposer-le-projet-de-proportionnelle-integrale.html