Une relation tendue entre le gouvernement et l’opposition

Fuente: 
Le Matin
Fecha de publicación: 
12 Dic 2012

L’opposition épingle le gouvernement quant à sa relation avec l’institution législative.
Pour le ministre chargé des Relations avec le Parlement, le gouvernement est sérieux dans sa relation avec le Parlement.

 

La session parlementaire d’automne est on ne peut plus animée. Le bras de fer est très serré entre le gouvernement et l’opposition au sein de l’hémicycle. Les réunions des commissions permanentes et celles des questions orales diffusées en direct sont souvent le théâtre d’une véritable tension entre les parlementaires et les responsables gouvernementaux. Les tirs à la corde sont devenus légion. Même la séance mensuelle consacrée à la réponse du chef du gouvernement aux questions ayant trait à la politique générale a été marquée par des dissensions et des échanges verbaux copieux. La tension est parfois forte à tel point que la continuation des travaux s’avère difficile. Vendredi dernier, le chef du gouvernement a demandé à un conseiller «d’apprendre à respecter les ministres». Et les parlementaires exigent de même aux membres du gouvernement.

Le Parti authenticité et modernité qui mène une rude opposition au Parlement n’hésite pas à épingler l’Exécutif. Les députés et les conseillers du PAM estiment que le gouvernement doit accepter les critiques qui lui sont adressées par l’opposition qui ne fait qu’exercer sa mission. On reproche surtout au gouvernement d’avoir «délaissé» l’approche participative malgré ses engagements initiaux.
L’opposition ne compte pas lâcher du lest. C’est le message essentiel véhiculé par tous ses groupes parlementaires. Les interventions se font de plus en plus virulentes au Parlement.
La députée de l’Union socialiste des forces populaires Rachida Benmasoud critique la manière dont les ministres répondent aux questions des parlementaires. Elle pointe du doigt la phrase qui est souvent brandie par plusieurs ministres : «Pourquoi vous nous critiquez. Nous venons juste d’arriver au gouvernement ?»
Ce reproche a fait l’objet d’une question orale lundi dernier. Le groupe socialiste n’apprécie pas la qualité de l’échange entre le gouvernement et le Parlement. La liste des critiques à l’égard de l’Exécutif est longue :  «Mauvaise performance, monotonie des réponses, répétition des mêmes réponses, lenteur et sélectivité en matière des questions d’actualité, absentéisme des ministres…»
Le ministre chargé des Relations avec le Parlement et la société civile Habib Choubani réfute ces accusations estimant que le gouvernement essaie autant que faire se peut de rendre service aux parlementaires et aux citoyens en préparant des réponses crédibles. «Le gouvernement est sérieux dans sa relation avec le Parlement. Les données chiffrées montrent qu’aucun problème n’existe à ce niveau-là. La problématique est plus complexe au niveau du système de communication générale du Parlement.», tient-il à relever. 

Par ailleurs, les parlementaires évoquent un autre dossier jugé de la plus haute importance. Il s’agit des initiatives législatives émanant des parlementaires. Ils espèrent que le gouvernement accorde un intérêt aux propositions de loi. Ils appellent l’Exécutif à s’intéresser aux textes parlementaires comme promis auparavant par Abdelilah Benkirane. Jusque-là, aucune grande avancée n’est enregistrée en la matière. Les législatures se suivent et se ressemblent. L’opposition parlementaire appelle au changement de cette situation surtout que le Parlement dispose d’un nouveau cadre constitutionnel visant à promouvoir la mission parlementaire aussi bien sur le plan du contrôle que de la législation.


Tension chez les conseillers

Le projet de loi de Finances fait l’objet d’une grande polémique au sein de la Chambre des conseillers. La mission du duo du ministère de l’Économie et des finances n’est pas aisée. Certains parlementaires de la commission des Finances de la seconde Chambre ont, dès la première séance de discussion, affiché une opposition féroce. La majorité est appelée à resserrer ses rangs pour pouvoir faire passer le texte sans surprise afin d’éviter le scénario du budget de 2012 surtout que le gouvernement ne dispose pas d’une majorité au sein de la Chambre des conseillers. En commission, la majorité ne dispose que de 14 conseillers sur un total de 41. On compte toujours sur l’absentéisme des conseillers de l’opposition et la mobilisation de ceux de la majorité lors de l’adoption du texte tant en commission qu’en séance plénière.

 

Jihane Gattioui

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