Mort du dialogue politique : Le prix de l’intransigeance

Fuente: 
Le Calame
Fecha de publicación: 
09 Mayo 2014

Le dialogue entre le pouvoir, le FNDU et la CAP est mort, mort de sa (belle ? Triste plutôt…) mort. Vive le dialogue ! C’est le constat terrible qu’on peut tirer, au bout de presque un mois de tergiversations, cacophonies et méfiances.    L’intransigeance a finalement emporté sur la volonté politique affichée, par les uns et les autres, d’aller à une élection consensuelle, pour sortir la Mauritanie de six ans d’oreilles bouchées et de vains défis.    Le pouvoir, acquis par la force du BASEP, campe sur sa position : mépris d’une opposition incapable de susciter un rapport de forces en sa faveur. Fort de la désunion de cette contestation à plusieurs têtes, dures, le pouvoir continue à la narguer. Mais gare à l’intransigeance à outrance !    L’opposition paye aussi son louvoiement. Tantôt prônant le dialogue, alors même qu’elle a totalement perdu confiance en son vis-à-vis, tantôt radicalisant sa position, jusqu’à exiger le départ du président de la République en place, sans presque aucun moyen pour appuyer cette prétention.    Si ce slogan a pris, quelque part, en Egypte ou en Tunisie, c’est parce que les populations, les organisations de la société civile et religieuses, l’opposition politique de ces pays ont accepté, tous, de consentir de gros sacrifices, en réussissant à envoyer, dans la rue, des milliers, voire des millions de manifestants, défier et narguer les forces de l’ordre.    En Mauritanie, l’opposition s’est révélée totalement incapable de relever ce défi, en dépit d’une poussée de mécontentements perceptible dans l’opinion, parfois, même, dans certains cercles du pouvoir. Au point qu’en discutant, aujourd’hui, avec certains élus du pouvoir, quelques hauts cadres, même, on a l’impression d’avoir à faire à des opposants plus radicaux que tel ou tel parti de la COD.   L’échec du dialogue, à peine entamé, est le fruit de toutes ces tergiversations de notre classe politique. Le pouvoir, bien assis – pour ne pas dire boulonné – de Mohamed Ould Abdel Aziz qui aurait, pourtant, grand intérêt à apaiser la situation, continuera à narguer l’opposition, tant que celle-ci n’aura pas réussi à changer le rapport de force, ce qui ne semble pas pour demain. Mohamed Ould Abdel Aziz semble avoir signé, à moins d’un coup de tonnerre, long bail à la tête du pays.    En continuant à mépriser son opposition ? La question mérite d’être posée et certains de ses collaborateurs devraient lui conseiller d’envisager son second mandat sous de meilleurs auspices. La fin d’un tel isolement est connue…    Périlleux boycott    Aujourd’hui, sauf miracle, les partis de l’opposition se dirigent vers le boycott de la présidentielle fixée au 21 juin prochain. Une tache de plus, sur notre démocratie de pacotille, octroyée et réglée entre kakis et vareuses. Certes, la COD a de bonnes raisons pour boycotter une élection dont le résultat, pour ne pas dire le score et le taux de participation, sont, déjà, quasiment connues.    Elle a raison de douter de la sincérité du pouvoir à organiser une présidentielle crédible. Le refus d’accepter certaines garanties de transparence en est la négation même. Même si l’exigence de l’opposition, quant à la formation d’un gouvernement d’union, est discutable, toit le reste :    report de la date de l’élection, refonte de la CENI et de l’Observatoire des élections, engagement solennel et public du gouvernement sur la neutralité de certains corps de l’administration, des forces armées et de sécurité, ainsi que le stipule la loi sur l’incompatibilité des charges, financement transparent de la campagne électorale, etc. ; tout peut – pour ne pas dire doit – faire l’objet d’un consensus : c’est dans l’intérêt même du pays. Et, comme tout le monde le sait, la mise en œuvre de ce train de mesures exige un autre agenda que celui du 21 juin.    Ni la COD ni, encore moins, le pouvoir n’ont intérêt à organiser une élection boycottée par la première et opacifiée par le second. La réélection du président sortant serait bel et bien obscurcie par l’absence de l’opposition. Tandis que se priver de l’expression démocratique et de ses instances pousserait l’opposition vers sa marginalisation, voire sa dislocation.    Tous les deux ont intérêt à s’éviter ces tares. Et à les éviter, au pays qui aurait, tôt ou tard, à payer le prix de cette stupide intransigeance… 

 

Source/Fuente: http://www.lecalame.info/actualites/item/2481-mort-du-dialogue-politique...