Qatar: élection du Conseil municipal, seule voix du peuple

Fuente: 
RFI Les voix du monde
Fecha de publicación: 
13 Mayo 2015

Au Qatar, ce mercredi 13 mai, c'est jour d'élections. Et pourtant il n'y a pas de partis politiques dans le petit émirat du Golfe. On vote néanmoins pour élire des conseillers municipaux.  Ce sont les seules élections libres et mixtes dans le pays puisque les femmes peuvent aussi se présenter.

De notre correspondante à Doha,

Les élections au Qatar ont lieu tous les 4 ans depuis 1999 pour former le Conseil municipal central, composé de 29 conseillers élus. Cela peut sembler étonnant dans un pays conservateur musulman, mais les femmes peuvent aussi se présenter !Cette année 5 candidates sont en lice sur 118 candidats au total. Pour l'instant, seule une femme a réussi à se faire élire conseillère municipale, c'était en 2003 : Cheikha al Jefairi. Elle s'est faite réélire à chaque fois depuis et se représente cette année ! Et les Qatariennes ont aussi le droit de vote ! Pour pouvoir voter, il faut être de nationalité qatarienne. On compte un peu plus de 19 000 électeurs inscrits cette année sur une population de 2,2 millions d'habitants en comptant les expatriés.

Le manque d'intérêt de la population

Même si on ne vote que tous les 4 ans au Qatar, le taux d'abstention est généralement élevé. D'ailleurs le nombre d'électeurs inscrits est en constante baisse depuis les premières élections. Cette année, c'est même une baisse historique : moins 40% d'électeurs par rapport à 2011. Ce Conseil municipal central n'a en effet qu'un pouvoir consultatif et de surveillance. Il transmet ses recommandations au ministère de la Municipalité. Et pour les 4 ans écoulés, seulement un tiers de ses requêtes ont été prises en compte par les autorités. Le Conseil municipal apparaît donc comme dépourvu de sens et d'intérêt pour la population.« Ça ne sert à rien », disent certains.

Ce conseil municipal s'occupe pourtant de choses très concrètes concernant la vie quotidienne des habitants : les conseillers évoquent les constructions de routes, les systèmes de drainage, l'éducation, l'augmentation des prix, des loyers, le manque de parkings ou encore les droits des consommateurs. Et ce que disent les candidats dans leur campagne électorale justement cette année, c'est « nous servons à quelque chose » !

« Yes, we can ! », à la sauce Qatar

C'est un spectacle étrange au Qatar : des panneaux installés dans les rues avec les photos et les slogans des candidats. Une femme a même repris le slogan du président américain, Barack Obama en 2008 : « Yes, we can ! », « Nous pouvons le faire », en arabe ! On peut aussi lire : « Je vais m'occuper de vos problèmes ». La campagne se fait aussi sur les réseaux sociaux et au porte à porte. Une femme distribue par exemple des peluches roses qui chantent : sa manière de dire qu'elle s'occupera de faire construire des parcs et des terrains de sport pour les enfants. Il y a également des meetings électoraux et des débats entre candidats à la télevision qatarienne. Même si ce Conseil municipal n'a qu'un pouvoir consultatif, il est la voix de l'opinion publique et peut-être la seule voix qui puisse dire au pouvoir quand quelque chose ne va pas.

Par Laxmi Lota