Fin de la campagne électorale

Fuente: 
Tunisie Numerique
Fecha de publicación: 
04 Mayo 2018

La campagne électorale pour les élections municipales prend fin ce vendredi à minuit . Elle aura duré 22 jours, entachés par des actes de violences qui en disent long sur la faillite du discours politique et l’absence de programmes des candidats.

Demain, samedi sera consacré au silence électoral afin de donner aux électeurs le temps nécessaire pour opérer  en toute conscience leur choix, s’ils daignent faire le déplacement pour voter dimanche 6 mai.

Sièges et permanences électorales attaqués ou incendiés, affiches électorales déchirées, les actes d’incivilité et de violences entre les différentes listes candidates aux élections se sont multipliés jusqu’à arriver à l’atteinte à la vie des militants des partis concurrents.

Une militante de Nidaa Tounes a été poignardée à Métlaoui dans le gouvernorat de Gafsa alors qu’elle menait la campagne pour son parti, a déploré un communiqué publié jeudi par le directeur exécutif du mouvement, Hafedh Caïd Essebsi.

Auparavant, une permanence de la campagne de Nidaa Tounes à Bizerte a été attaquée ainsi qu’une voiture utilisée pour la promotion d’une liste électorale incendiée.

Même son de cloche chez Ennahdha qui a signalé l’incendie du siège régional de son parti et la destruction de certaines de ses affiches.

Même les membres de l’Instance supérieure indépendante pour les élections n’ont pas été épargnés par les agressions et intimidations qu’ils ont subies de la part des militants de partis politiques adverses.

Marquée par les débordements et autres violations des règles de tout bord constatés ça et là, cette campagne  électorale n’aura pas réussi à susciter l’engouement des électeurs restés très détachés par rapport à ces élections, les premières libres, au niveau local, depuis la révolution de 2011.

Faible mobilisation et désaveu envers la politique

Seuls les grands partis politiques ont réussi dans certains meeting à mobiliser leurs adhérents à l’instar du mouvement Ennahdha qui s’est investi à fond dans ces municipales qu’il considère comme une opportunité pour prendre sa revanche.

En effet, la claque essuyée lors des élections générales de 2014, a laissé de profondes séquelles au sein du parti islamiste obligé de faire des révisions radicales et de se renier pour être dans l’air du temps et tenter de ratisser large, au-delà de son réservoir électoral traditionnel.

Ainsi , la mise en avant des femmes non voilées comme candidates et souvent tête de liste, la parité quasi parfaite entre candidats des deux genres, le recrutement d’un tunisien de confession juive sur une liste électorale à Monastir, sont autant de signes qui dévoilent la volonté d’Ennahdha de s’ouvrir sur l’extérieur.

Cette orientation a été précédée par une décision douloureuse lors de son dernier congrès national, au terme duquel Ennahdha a décidé de séparer le politique du religieux après avoir mis au placard tous les faucons et autres extrémistes de l’aile dure du parti, à l’instar de Habib Ellouz,  Mohamed Ben Salem et Sadok Chourou.

Électorat désorienté 

En outre, l’alliance entre le mouvement Ennahdha et Nidaa Tounes au gouvernement et au niveau du parlement a contribué à faire perdre aux électeurs leurs repaires étant donné qu’ils avaient présenté chacun un programme qu’ils ont renié tous les deux pour mettre en oeuvre une politique pour laquelle ils n’ont été élus.

Les électeurs ne trouvent plus de différence entre les programmes des deux plus grands partis politiques que pourtant tout opposait. C’est la realpolitik qui l’a emportée, chacun ne pouvant à lui seul gouverner en raison de l’absence d’une majorité suffisante.

La persistance des problèmes sept ans après la révolution de 2011, malgré la pléthore de gouvernements  qui ont été formés, a favorisé un certain désaveu des citoyens qui ont perdu tout espoir et confiance dans la classe politique considérée comme très loin des préoccupations de la population.

Les retournements de veste, les alliances entre partis politiques qui se nouent et se dénouent au gré des jours et de l’humeur des politiciens ont fini par faire perdre toute crédibilité à la chose politique chez les Tunisiens.

A cela, il faut ajouter les promesses faites lors des élections et qui n’ont pas été honorées par les partis politiques contribuant à créer davantage de méfiance à l’égard des politiciens d’où la tendance abstentionniste.

La participation d’un grand nombre de listes indépendantes a suscité le doute chez de nombreux Tunisiens qui pensent qu’elles sont la création et le pur produit des grands partis politiques pour faire diversion, car ces indépendants finiront par se rallier aux grands partis politiques. Certains sont allés jusqu’à affirmer que ces listes sont financées à grand renfort d’argent par ces partis.

Vers une abstention record

Un avant goût de cette abstention s’est manifesté durant le vote des sécuritaires et des militaires dont le taux de participation n’a pas dépassé les 12 % dimanche dernier.

De l’avis des observateurs, le taux de participation des électeurs oscillera dimanche prochain entre 25% et 30%, selon les plus optimistes.

La campagne électorale a été très terne et n’a pas touché un grand public étant donné que les télévisions, hormis la chaîne étatique Al Wataniya, n’ont pas accordé de couverture aux meetings et autres manifestations de la campagne.

Ainsi, les échos de la campagne électorales n’ont pas atteint les citoyens en majorité rivés sur le petit écran, principal masse média très prisé dans le pays.

Cette anomalie s’explique par les conditions jugées draconiennes posées par la HAICA, l’organe de régulation de l’audiovisuel.

Des normes strictes ont été émises, ayant trait à la répartition du temps d’antenne des différentes listes et partis politiques,  ce qui a dissuadé les télévisions privées de couvrir la campagne de crainte de sanctions de la part de l’autorité de régulation.

 

Mourad S

 

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