Au troisième et dernier jour du 5e congrès du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le nom du prétendant au poste de président du parti est désormais connu. L’attente et le suspense ont pris fin, et le rideau est tombé sur des assises qui ont, vaille que vaille, fait couler de l’encre et alimenté, un tant soit peu, la chronique politique.
Dans l’enceinte de la coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, le verdict fut prononcé dans une ambiance plutôt calme, et les membres du conseil consultatif ont eu à trancher, tard dans la soirée de samedi, entre M. Abderrezak Mokri, ancien vice- président, supposé incarner une aile contestatrice du mouvement, qui a pris le dessus sur son concurrent direct, M. Abderrahmane Saïdi, ancien président du Madjless Echoura (conseil consultatif).
M. Abderrezak Mokri, l’homme au verbe assez incisif, avait, tout compte fait, la partie facile en remportant cette élection, totalisant 177 voix contre 65 pour M. Saïdi, alors que deux bulletins nuls ont été enregistrés au cours d’un vote auquel ont pris part 244 membres du conseil consultatif.
Le duel, difficilement occulté dans les coulisses et les allées du congrès, qui a opposé ces deux personnalités du mouvement, était perceptible chez tous les congressistes, et l’on sentait sans difficulté que l’enjeu allait se jouer exclusivement entre ces deux uniques postulants.
Abderrezak Mokri et Abderrahmane Saïdi se sont donc imposés en candidats déclarés pour briguer les suffrages des membres d’un Madjless Echoura, fraîchement élu pour la circonstance. Et c’est en réalisant un score plus que confortable, que M. Mokri s’est hissé aux commandes du mouvement.
Auparavant et durant les deux journées des travaux, aucun nuage n’est venu perturber l’atmosphère, et l’on n’a relevé aucun mouvement de fronde, une quelconque dissidence ni incident notable. Le président sortant du parti, Bouguerrra Soltani, a bien pris le soin de dire que les assises ne seront pas altérées par de probables discordances.
Il faut reconnaître que ce pari fut tenu, car tout a été concocté pour que ce congrès soit mené à bon port. Les travaux se sont poursuivis vendredi à huis clos par l’examen des statuts de la politique générale du parti, et les participants ont adopté le règlement intérieur du congrès et élu son bureau.
Adhérer au processus de développement
Le Mouvement de la société pour la paix se dit favorable à un élargissement de son champ politique, à une ouverture en direction des compétences nationales pour accueillir davantage de jeunes, de femmes et d'étudiants, selon les ultimes recommandations de son ex-président qui a appelé les Algériens à adhérer tous ensemble au processus de développement pour assurer la prospérité économique, la sécurité sociale, soulignant que cet appel s'impose par le fait que la bataille aujourd'hui est en premier lieu économique.
Abderrezak Mokri, le nouveau leader du MSP, saura-t-il agir dans la promotion d’une culture de la coexistence, de coopération et d'alliance, consacrer le principe de l'alternance dans les responsabilités au sein des partis, tel que claironné abondamment dans le cadre de ces assises.
Parviendra-t-il à convaincre ses pairs à tenir compte des nouvelles réalités par l'élaboration d'un projet national qui dépasse les limites du mouvement sous le signe du parachèvement de la construction d'un État rassembleur, comme il fut également mentionné dans le discours d’ouverture des travaux de ce congrès du MSP. L’avenir nous renseignera.
Nul doute que les regards seront braqués sur ce qui constitue «l’après-Soltani». Un dirigeant qui aura incarné à sa manière une certaine idée de la politique.
Cela étant, Abderrezak Mokri bénéficie d’un capital confiance au sein de son parti, lui qui a longtemps collaboré avec le défunt Mahfoud Nahnah, fondateur du mouvement.
Il s’est déclaré, à l’issue de sa victoire, porteur d’un projet de renouveau du mouvement dédié au service de la nation, à son développement.
«Ce renouveau du parti interviendra quand les décisions prises au niveau de ses institutions seront respectées par tous, y compris par moi-même», a-t-il annoncé, non sans affirmer que toutes les décisions engageant le parti seront prises dans un cadre de concertation et de consultation au niveau des instances.
Réunifier les rangs de la formation
Dans ce qui peut être un objectif de prime importance pour le parti, compte tenu des diverses péripéties qu’il aura vécues ces derniers temps, M. Mokri va s’atteler à réunifier les rangs du MSP. Il a rappelé que son parti avait contribué, dans les circonstances qu'aura connues l'Algérie durant les années 1990, à la stabilité de l'État et à la préservation des constantes nationales.
À propos des assises de ce 5e congrès, qu’il qualifie de rendez-vous historique puisqu’il a tracé la voie à une alternance aux postes de responsabilité de manière pacifique et démocratique.
Enfin, MM. Hachemi Djaâboub et Naâmane Laouer ont été élus vice-présidents du parti, alors que le poste de président du Majliss Echoura est revenu à Aboubakr Gadouda.
M. Bouraib
