Les islamistes croient en leur chance

Fuente: 
L'Expression
Fecha de publicación: 
13 Mayo 2013

Dans le sillage de ce nouveau atterrissage dans l'opposition, le scellage des alliances avec les partis issus de la fissuration du mouvement du défunt cheikh Mahfoudh Nahnah est devenu jouable et plausible.

Peu à peu, l'échiquier politique s'est fait totalement bouleverser. Les partis islamistes modérés ou «centristes», virés dans l'opposition, sont l'un des derniers jalons en date qui s'est mis en place. Engagés sur différentes alliances et coalitions, les formations islamistes affiliées à la confrérie des Frères musulmans d'Egypte créée en 1928, ont fini par croire fortement à leurs chances en prévision de l'élection présidentielle d'avril 2014. Désormais, les opportunistes n'ont plus place dans le parti, dixit le nouveau président du MSP, Abderrezak Mokri.
Dans le sillage de ce nouveau atterrissage dans l'opposition, le scellage des alliances avec les partis issus de la fissuration du mouvement du défunt cheikh Mahfoudh Nahnah est devenu jouable et plausible. Le président du Front du changement (FC), Abdelmadjid Menasra, également proche des Frères musulmans, a souligné l'attachement de son parti à concrétiser le projet de pacte d'unité avec le MSP signé depuis quelques semaines. Il a affirmé l'engagement de tous en faveur du pacte d'unité. Il est même disposé à faire toute concession et à tout moment en vue d'unifier le mouvement.
Dans un entretien accordé au quotidien arabophone Echourouk, paru hier, M.Menasra donne des gages aux responsables du parti El Bina de Mustapha Belmahdi, créé par des contestataires sortis des rangs du FC et du MSP.
A l'adresse de ceux-là qui considéraient la démarche de rapprochement irréalisable, il insiste sur le fait que la concrétisation de l'objectif est possible pour peu qu'ils mettent les différends de côté. «Il ne faut pas juger l'expérience avant de l'avoir tentée», a-t-il appuyé.
Les islamistes arrimés au Frères musulman n'ont jamais senti que le pouvoir était à portée de la main. Fraîchement élu à la tête du MSP, Abderrezak Mokri a exprimé sa volonté de brasser large. Il s'engage à poursuivre et accélérer la réalisation du rêve de l'unité du mouvement islamique en Algérie. Il s'agit en particulier de liguer les partis qui partagent les idées de feu Nahnah (Taj, Ettaghyir et El Bina). Il a affiché clairement son intention de renforcer et élargir la coalition verte (AAV), composée du MSP, Ennahda et El Islah en sus du groupe des 14 partis et organisations pour la Défense de la mémoire et la souveraineté.
Au-delà de cette mue qui s'opère inexorablement, le paysage politique offre une similitude éclatante avec le paysage politique tunisien et égyptien qui ont vu l'émergence d'une nouvelle scène au lendemain de la révolution. Cette scène a tourné le dos aux anciennes références, forces politiques, aux modèles hérités de l'ère coloniale et de la Guerre froide. Au titre de cette comparaison, les observateurs établissent un lien de cause à effet entre le chaos frappant les principaux partis ou appareils de l'Etat, en l'occurrence le FLN et le RND et le remodelage de la carte politique suscité par l'approche des échéances de la révision de la Constitution et les joutes présidentielles de 2014. Ceci dit, la ressemblance s'arrête aux formes, car dans le fond, le rapport ne se prête pas.
Enfin, étant donné la ressemblance à plus d'un égard, une question se pose d'elle-même: s'achemine-t-on vers une élection présidentielle à deux candidats principaux, à savoir le représentant des Frères musulmans algériens et celui du système? Bien entendu, ce réformisme émanant d'en haut, gardera intact ce qui est appelé la «spécificité» algérienne vis-à-vis des printemps colorés.

 

Mohamed BOUFATAH

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