Entretien avec Rachid Nekkaz, candidat à la présidentielle

Fuente: 
Tout sur l'Algérie (TSA)
Fecha de publicación: 
03 Dic 2013

Dans cet entretien, Rachid Nekkaz, qui a abandonné sa nationalité française pour se porter candidat à la présidentielle de 2014, revient sur sa stratégie et ses projets en Algérie.

 

Vous avez lancé votre campagne depuis plusieurs semaines. Quel bilan faites-vous ?

J’ai déclaré ma candidature le 3 juin dernier à la frontière algéro-marocaine. Donc, je suis allé tout doucement. Là, je suis à 33 wilayas visitées depuis le mois de juin, et mon objectif est de visiter les 48 wilayas avant le 31 décembre.  Je me rends compte qu’au fur et à mesure que les mois passent, les gens commencent à tenir compte de ma candidature. Des personnes me disaient au départ, ce n’est pas la peine de faire des efforts parce qu’on sait déjà qui sera le président de la République. Je me rends compte au fil des semaines qu’il y a de plus en plus de citoyens qui me soutiennent et cela m’encourage à aller de l’avant.
 
Vous n'êtes pas connu dans l'Algérie profonde. Quelle est votre stratégie ?

Ma stratégie est simple. Je me déplace personnellement dans les 48 wilayas pour faire connaitre qui je suis. C’est pour cela que j’ai décidé de me présenter d’une façon très simple en disant que moi-même je suis un enfant d’un douar, j’habite à Ain-Mérane dans la wilaya de Chlef. Les gens commencent à se rendre compte que je suis un homme du peuple. Donc, ma stratégie est d’aller sur le terrain et de leur parler en dialecte algérien et ils se rendent compte que mon langage arabe est un langage populaire.
 
Les gens vous soutiennent ?

Ils voient que je ne suis pas du système. Mes parents sont des gens comme eux. Ils n’ont pas été à l’école. Donc je ne fais pas semblant. Je suis authentique. Il y a des comités de soutien qui se créent tous les jours dans de nombreuses wilayas du pays et mon rôle est de les regrouper dans chaque wilaya. Ils me contactent par téléphone, par internet ou sur Facebook.
 
En effet, vous êtes très présent sur les réseaux sociaux…

L’avantage des réseaux sociaux, c’est que les jeunes Algériens qui ne travaillent pas et qui essaient de trouver des solutions à leur vie quotidienne sont très présents. Donc, je savais qu’en utilisant les réseaux sociaux, j’allais toucher beaucoup plus rapidement les jeunes qui font la majorité du peuple algérien. Et je sais qu’en touchant les jeunes, je touche aussi les familles. La cible numéro 1 de ma campagne électorale ce sont les jeunes. L’essentiel de mon programme est axé sur les problèmes de la jeunesse à tous les niveaux, que ce soit l’emploi, l’éducation, le logement, le service militaire ou la santé.
 
Justement, quel est votre programme pour la présidentielle ?

La fin du service militaire obligatoire et son remplacement par un service citoyen civil de 12 mois. Le service militaire bloque la jeunesse et l’empêche d’avoir des perspectives d’avenir claires et responsables. La deuxième chose que je ferais : réduire le nombre de députés à deux par wilaya, c’est-à-dire 96 députés. Nous sommes 37 millions d’habitants et nous avons 462 députés. Aux États-Unis, ils n’ont que 100 sénateurs pour voter les lois fédérales, c'est-à-dire deux par État.
 
Au niveau économique, je mettrais en place 48 zones franches industrielles dans toutes les wilayas. Toutes les entreprises qui s’engagent à produire des biens industriels et des biens de consommation qui s’installeront dans ces zones ne paieront pas d’impôts durant 5 ans, et l’objectif est de favoriser l’emploi de la jeunesse pour qu’elle ne demande pas de visas pour l’étranger. Je ne veux plus que l’Algérie continue à être une centrale d’achat de biens d’équipement et de biens de consommation. J’entends aussi faire une sécurité sociale algérienne. Il faut réorganiser le système de santé algérien pour assurer la santé à l’ensemble des Algériens, notamment ceux qui ne sont pas assurés et je propose de financer la mise en place de ce projet en augmentant progressivement les prix du carburant.
 
Vous avez annoncé votre candidature depuis la frontière algéro-marocaine. Quelle est votre position sur la question du Sahara occidental ?

Moi, je suis pour l’indépendance du peuple sahraoui. Maintenant je ne veux pas que les relations bilatérales entre l’Algérie et le Maroc soient bloquées à cause de faux problèmes. Que ce soit la question du Sahara occidental, ou la question de la lutte contre la drogue, etc. J’ai été moi-même à la frontière algéro-marocaine et j’ai vu des personnes faire du trafic de drogue sous les yeux des éléments de la gendarmerie nationale. Il faut qu’on arrête de dire qu’on ne peut rien faire contre le trafic de drogue.
 
Vous pensez que la gendarmerie nationale participe au trafic de drogue ?

En tous cas, elle ne fait rien contre. Ça veut dire qu’au plus haut niveau de l’État, il y a une volonté de laisser faire. Et c’est inacceptable !
 
Vos candidatures en France, en 2007 puis en 2012, n’ont pas connu un succès, pensez-vous avoir des chances d’être élu en Algérie ?

J’ai essayé d’être candidat en 2007 mais je n’ai jamais été candidat officiel car, à l’époque, le parti au pouvoir, l’UMP, a fait pression sur 70 maires pour ne pas valider ma candidature aux élections présidentielles. En 2012, j’ai acheté délibérément et devant la presse un parrainage et on m’a mis en prison une semaine pour ça. Je l’ai fait pour montrer que le système des élus pour porter un candidat à une élection présidentielle était un système corrompu et corruptible.

Pour ce qui est de la présidentielle de 2014, si la jeunesse algérienne se mobilise massivement pour les élections, j’ai toutes les chances de devenir le président de la République algérienne ! Inchallah.
 
Si Bouteflika se présente aux prochaines échéances, pensez-vous que vous aurez vos chances ?

Vu son état de santé et vu que c’est un véritable homme d’État, il est conscient que s’il se présente aux élections présidentielles, ça va entacher l’image et le prestige de l’Algérie dans le monde entier. Je pense que s’il est assez sage et conscient de la fragilité de sa santé pour ne pas être candidat à la présidentielle.
 
Selon les conditions de candidature fixées par l'article 73 de la Constitution, le conjoint du candidat doit obligatoirement avoir la nationalité algérienne alors que votre femme est Américaine. Votre candidature est de fait invalidée. Comptez-vous faire modifier la Constitution pour vous présenter ?

Je suis marié avec El Fatiha (mariage religieux) et pas civilement. Donc, civilement, je suis célibataire.
 
Mais le candidat doit être marié…

Non, ce n’est pas une obligation. Il faut que le conjoint soit algérien et musulman et comme je ne suis pas marié je peux être candidat.
 
Vous pensez que votre candidature sera validée ?

Le seul élément qui me manque c’est la signature de 60 000 citoyens algériens dans 25 wilayas.
 
Vous les aurez ?

Pour l’instant, j’ai 34 000 promesses de signatures
 
Si vous n'êtes pas élu, que comptez-vous faire en Algérie ?

Je vais continuer à m’investir dans le champ politique algérien pour améliorer les conditions politiques et sociales
 
Avez-vous appris par cœur Kassaman ?

Bien sûr. Je l’ai récité d’ailleurs sur la chaine Dzaier TV
 
Que veulent dire les paroles de l'hymne national algérien ?

C’est comme si vous me demandiez quel est le sens de la Chahada.

Source/Fuente: http://www.tsa-algerie.com/entretiens/item/3024-entretien-avec-rachid-ne...

 

Entretien avec Rachid Nekkaz, candidat à la présidentielle de 2014