Campagne électorale à Oran : Indifférence et exaspération

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
29 Mar 2014

La rue oranaise est largement partagée entre l’indifférence et un fort sentiment d’exaspération face à ce qui est officiellement appelé «campagne électorale».

Le début se déroule sur fond de ras-le-bol, notamment au sein de la frange juvénile. Tous les indicateurs plaident en faveur d’un fort taux d’abstention le 17 avril prochain. «Non, je ne vais pas aller voter. Il n’y a pas de démocratie en Algérie», répond avec un sourire plaisantin, Chaouki, 25 ans, commerçant que nous avons interrogé devant le somptueux siège du FLN, qui trône au cœur d’Oran. «Les jeux sont fermés. Les élections ne sont rien d’autre qu’un cirque», tranche de son côté Sofiane, 21 ans, vendeur informel. Voilà des avis qui reflètent clairement un cinglant échec de la toute prochaine «élection présidentielle».

Les tableaux d’affichage de ceux qui sont présentés comme «des candidats» sont quasiment vides. Quelques portraits de Moussa Touati du Front national algérien, de Abdelaziz Belaïd du Front El Moustakbel et de Bouteflika ornent timidement les rares tableaux d’affichage visibles au centre d’Oran. Un membre de la coordination de soutien à Bouteflika promet «une campagne active basée sur les meetings, l’affichage et des caravanes qui sillonneront de fond en comble la wilaya». Le FLN, le RND et d’autres micro-partis feront front commun derrière le quatrième mandat.

Sellal, Saadani et Bensalah sont annoncés dans les prochains jours. Ils viendront plaider «la stabilité et la continuité» lors de grands shows de campagne aux côtés des organisations satellites inféodées au pouvoir à l’image de l’UGTA et de l’UGCAA appelés à jouer les renforts. Une campagne «active» est annoncée en faveur de Bouteflika à Aïn El Turck, Oued Tlélat, Bir El Djir, Gdyel ou encore dans le pôle pétrochimique d’Arzew et Bethioua. De son côté, Rédha Benouanane, coordinateur des comités de campagne de Ali Benflis, affirme coordonner une myriade de collectifs de soutien éparpillés dans 70 permanences électorales. «Nous comptons organiser des meetings à Arzew, Bir El Djir et dans toutes contrées oranaises», annonce M. Benouanane.

Du côté du PT, la députée Soraya Chabane indique qu’«outre le meeting qui sera animé par Louisa Hanoune, le parti compte mener une campagne de proximité ciblant les quartiers populaires et les agglomérations avoisinantes». Cette militante, membre du bureau politique du PT, affirme que «la présidente du parti a recueilli plus de 5000 signatures de soutien à sa candidature à Oran». Mais il est tout à fait clair que ni Benflis, ni Louisa Hanoune, ni encore moins le trio Touati-Rebaïne-Belaïd sont loin de disposer des mêmes moyens de campagne que ceux du président Bouteflika. Autre donnée : Oran compte un grand effectif d’électeurs dans les corps constitués.

Un gisement électoral qui va certainement doper le taux de participation. Sur le plan socioéconomique, Oran est desservie par le tramway et a connu ces dernières années un boom en matière de logement. Les cités-dortoirs ont poussé comme des champignons. Les bidonvilles aussi. Oran est, en effet, ceinturée d’un immense bidonville s’étalant à perte de vue. Au chapitre de l’emploi, même si beaucoup de chômeurs ont été officiellement «insérés» dans les différents dispositifs sociaux, les «emplois» créés sont précaires et sont loin d’être durables. L’argent public n’a pas profité à tout le monde. Résultat : il y a de grandes inégalités sociales.

 

Un grand fossé s’est creusé entre les différentes couches sociales. Il y a les nouveaux riches qui peuvent se permettre des appartements huppés, nichés sur les tours de haut standing alignées sur l’avenue Dubaï (Les Falaises), et ceux nombreux qui sont restés sur le carreau. Ceux-là vont certainement rester chez eux le 17 avril prochain. C’est sûr, ils ne vont pas aller glisser un bulletin dans l’urne.      

 

Autor: Cherif Lahdiri

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/campagne-electorale-a-oran-indifference...