Bouteflika, Gaïd Salah et Mediène doivent sauver le pays

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
31 Mar 2014

«Ces trois personnages, qui ne représentent pas que leurs personnes, ont la clé de sortie de crise», affirme Mouloud Hamrouche, en parfait connaisseur du système et, semble-t-il, de la crise qui menace de le faire exploser

L’ancien Premier ministre en appelle à la responsabilité des trois hommes cités tout en avertissant que «la crise a trop duré».
Mouloud Hamrouche nomme les choses. L’ancien Premier ministre, qui multiplie les sorties médiatiques ces derniers temps, pour proposer une solution de sortie de crise, est allé un peu plus loin dans son analyse à l’occasion de son passage, hier en fin d’après-midi, au forum du quotidien Liberté. M. Hamrouche, qui a lancé l’idée d’une «transition», est plus explicite. Il appelle trois personnages «qui détiennent la clé de sortie de crise» à initier une solution pour le pays. «Trois nationalistes, patriotes, portent le fardeau pour sauver le pays de la crise : le Président, les généraux de corps d’armée Gaïd Salah et Mohamed Mediène, armés de courage et de bon sens, de lucidité, doivent sortir le pays de l’impasse», a déclaré d’emblée celui qui symbolise les seules réformes démocratiques initiées en Algérie depuis près de 25 ans.

L’homme cite les trois hommes et les compare, de manière inattendue et brutale, à trois héros de la guerre d’indépendance, à savoir Belkacem Krim, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Bentobbal, qui ont «eu le courage de mettre fin à la guerre d’indépendance». La comparaison est tellement inattendue qu’une partie de la nombreuse assistance, composée de journalistes et de citoyens venus écouter Hamrouche, a posé beaucoup de questions sur le sujet.

Pressé de dire pourquoi une telle proposition, Mouloud Hamrouche explique que «pour éviter un effondrement, les Algériens doivent avoir une adresse. Et ces trois personnages, qui ne représentent pas que leurs personnes, ont la clé de sortie de crise». Plus que cela, l’homme explique que les trois responsables actuels «ne doivent pas partir avant de nous donner la clé». Il met les trois hommes devant leurs responsabilités. Car, dit-il encore, si «quelque chose arrivait demain, ce sont eux qui vont en assumer la responsabilité».

«L’armée ne doit pas remplacer le peuple»

Pour Mouloud Hamrouche, «la crise a trop duré» et «si elle n’est pas endiguée, elle risque de nous conduire vers l’effondrement». Or, ajoute-t-il encore : «Moi je veux éviter l’effondrement.» Et il n’est pas trop tard pour régler le problème. «Jusqu’au 17 avril et même après, tout est possible. Si les trois responsables, avec le soutien de l’armée, lancent le processus de changement, tout le monde suivra, société civile et politique. Chaque fois qu’un discours se développe, parce qu’on est faible, on se pose des questions, on lance des suspicions. Mais si on a un pouvoir démocratique, les contrepouvoirs peuvent détecter ces suspicions et les vérifier», dit-il encore.

L’ancien Premier ministre estime que l’armée a un rôle à jouer. Et d’ajouter : «Il n’a jamais été question pour moi de substituer la légitimité populaire par la légitimité militaire. Mais il faut reconnaître que l’armée a une légitimité qu’elle a donné au pouvoir.» Interrogé sur les sujets d’actualité, l’ancien chef de gouvernement ne veut pas s’inscrire dans la logique du système : «C’est un débat qui se tient dans une bulle. On a oublié que dans ce carré que nous ne voulons pas quitter, deux tiers de la population sont exclus des débats et de l’élection.» Alors que certaines indiscrétions rapportent que l’ancien Premier ministre est intéressé par le poste de vice-Président, le concerné, lui, veut s’inscrire en dehors de toutes ces questions.

 

Et il ose même une révélation historique : «En 1976, j’étais témoin d’un débat public qui a donné naissance à la Constitution, le groupe chargé a reçu une proposition : créer un poste de vice-Président. Il y a eu débat, les analystes ont dit : créer ce poste pour assumer quel type de missions ? Ou il devient un fonctionnaire ? Ou on lui donne des responsabilité ? Mais il y a eu une idée lumineuse : connaissant la nature de notre pays, il y aura un risque que les hommes du Président passent leur temps à comploter contre le vice-Président et vice-versa…»

 

Autor: Ali Boukhlef

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/bouteflika-gaid-salah-et-mediene-doiven...