Campagne invisible à Béjaïa

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
02 Abr 2014

Aucun des candidats n’a encore fait le déplacement à Béjaïa.

A sa deuxième semaine, la campagne électorale n’arrive toujours pas à intéresser les Bougiotes. Béjaïa reste, pour le moment, superbement indifférente à la prochaine présidentielle au moment où les équipes de campagne des candidats se montrent réticentes à s’engager pleinement sur le terrain, comme inhibées par l’insensibilité de la rue. Aucun des cinq candidats et des principaux représentants du sixième n’a fait encore le déplacement à Béjaïa, aucun n’est annoncé pour ces jours-ci. Certains ne viendront peut-être pas.

Dans les programmes que seuls quelques candidats ont rendus publics, le premier meeting officiellement annoncé est dans une dizaine de jours, il s’agit de la sortie de Ali Benflis, attendu pour la matinée de jeudi 10 avril, soit trois jours à peine avant la clôture de la campagne électorale. En 2004, Benflis avait réussi à faire salle pleine dans un meeting animé dans la modeste enceinte Amirouche pour le compte de la présidentielle d’alors.

Cette année, rien ne permet de dire qu’il en fera autant. Sa direction de campagne de Béjaïa, chapeautée par Amrane Kheiredine, un démissionnaire du FLN, n’a pas introduit, aux premiers jours de la campagne du moins, de demande de salle pour le meeting de Benflis, préférant temporiser sans doute pour prendre la température de la rue avant de choisir l’endroit qui sierra à la circonstance. Au chef-lieu de la wilaya, les pouvoirs publics ont réquisitionné quatre salles, en plus du stade Benallouache qui, impossible à remplir en ces temps de démobilisation, est assurément de trop.

Sous le sceau de la stabilité

Pour la campagne du candidat-président Bouteflika, ce sera Abdelmalek Sellal qui ouvrira le bal à Béjaïa, avant qu’Ahmed Ouyahia ne lui emboîte le pas. Sellal est annoncé officieusement pour samedi prochain, où il viendra demander à son auditoire de voter pour «la stabilité du pays». Ouyahia interviendra le lendemain du meeting de celui qu’il a remplacé en 2003 à la chefferie du gouvernement, Ali Benflis. Le revenant Ouyahia est attendu pour vendredi 11 avril, dernier week-end de la campagne, sur lequel risquent de se concentrer aussi les autres candidats dont leurs représentants dans la wilaya ne se bousculent pas, en tout cas, pour annoncer leurs meetings ni les dates de leur tenue.

C’est le cas de Louisa Hanoune et de Moussa Touati, mais plus encore de Ali Fawzi Rebaïne de Ahd 54 qui a eu, en 2004 et 2009, à vérifier «l’engouement» des Bougiotes, et de Abdelaziz Belaïd du Front El Moustakbel, tous deux sans réelle base militante dans la wilaya, qui risquent, s’ils viennent, de discourir sans public. Ils n’ont pas les moyens comme les soutiens de Bouteflika, dont la direction de campagne dans la wilaya est assurée par le député RND Omar Alilat qui, sans aucun doute, convoquera une énième fois les vieux réflexes pour réduire le vide des salles.

La campagne de proximité, qui figure dans les programmes des candidats, ne se fait pas non plus entendre à Béjaïa. L’on attend de voir à l’œuvre Moussa Touati qui privilégie, cette fois, les «bains de foule» dans lesquels il tente de noyer le problème de la défection du public. Touati ne viendra pas au chef-lieu de Béjaïa ; il réserverait sa halte électorale, selon notre source, pour Akbou, deuxième plus importante ville de la wilaya de Béjaïa, où il animera un meeting. La défection est aussi chez les représentants des candidats eux-mêmes.
La Commission de surveillance de l’élection, que préside le représentant du candidat Benflis, Idjahnine Madjid, n’a débuté l’opération d’installation des commissions communales que ce lundi.

Pris par le temps, le reste des commissions devra s’auto-installer incessamment. Jusqu’à lundi, ni les portraits de Touati ni ceux de Hanoune, de Rebaïne ou de Belaïd n’étaient sur les tableaux d’affichage, occupés par les affiches de Benflis et surtout par celles de Bouteflika, les premières à avoir été copieusement et anarchiquement placardées partout dans la ville de Béjaïa.
Des mains, pas du tout indifférentes, parfois indiscrètes et furieuses, les arrachent presque systématiquement, les laissant sur le sol, d’autres sont transformées en caricatures burlesques par des mains non moins rebelles.

 

 

Autor: Kamel Medjdoub

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/campagne-invisible-a-bejaia-02-04-2014-...