La santé releguée au second plan

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
07 Abr 2014

Q'uelle est la place accordée à la santé dans le programme électoral des candidats à la présidentielle du 17 avril prochain ?

Ce secteur névralgique de la société et du développement humain, mais paradoxalement l’un des plus sinistrés, est régulièrement pointé du doigt par tous, tant pour ses carences que pour les budgets engloutis en vain. El Watan a soumis à des spécialistes du secteur de la santé les programmes des candidats à la présidentielle, sans les nommer.

Et ces programmes sont plutôt inégaux en la matière. Car si certains candidats ont déroulé plusieurs points dans l’optique d’un assainissement de la prise en charge médicale et du fonctionnement des établissements de santé d’autres se sont contentés d’une seule ligne dans le volet du développement humain.

 

Le Diagnostic : Deux syndicalistes énumèrent :

la question de la qualité de service perçue comme insuffi sante et excessivement fluctuante selon l’établissement médical ou la région, voire le médecin traitant.

l’implantation inégale des infrastructures hospitalières sur le territoire avec une surconcentration en zone littorale et urbaine

la question de l’effi cacité du système de santé qui, malgré les moyens relativement importants qui ont été mobilisés depuis une décennie, demeure faible au vu de l’état sanitaire des Algériens par rapport aux pays à revenus comparables,

la question du mode de fi nancement du secteur de la santé par le budget de l’Etat, la Sécurité sociale et la part des dépenses de santé qui reviennent aux ménages,

la valorisation des professionnels de santé,

l’insuffi sance de pharmaciens qui exercent dans le secteur public, moins de 500,

la couverture médicale spécialisée en inadéquation avec la répartition de la population générale : 1 spécialiste/750 habitants à Alge contre 1/20 000 habs pour certaines régions du pays (Hauts- Plateaux et Grand-Sud). Plus de 25% des praticiens spécialistes exercent dans la wilaya d’Alger (8% de la population du pays),

la mortalité infantile encore trop importante, qui est autour de 28,4 pour 1000 naissances,

la mortalité maternelle autour de 117/100 000 naissances vivantes, (20/100 000 à Annaba / + 200/100 000 à Adrar),

Les dysfonctionnements et le manque de complémentarité relevés entre les secteurs public et privé. La situation est aggravée par la mise en place, depuis l’année 1997, de l’activité complémentaire, mais surtout lucrative, au profi t des praticiens médicaux hospitalo-universitaires et spécialistes de santé publique.

 

Ce qu'ils en pensent
« A s’en tenir à ce qui apparaît dans le programme des candidats, l’avenir du système de santé est loin d’être un thème majeur de la campagne électorale. Plus grave encore, il est plutôt diffi cile d’avoir une idée claire de leur programme en la matière, au point parfois
de se demander s’il existe. En fait, ces programmes ressemblent trop à un catalogue ou un inventaire manquant de vision d’ensemble et des mesures précises et réalistes qui donnent des réponses claires à des questions et des préoccupations majeures qui traînent depuis toujours sur la scène sociale et professionnelle. Notamment en ce qui concerne l’organisation des soins. En fait ils ne  proposent rien pour lutter contre les déserts médicaux, à l’accès inégal aux soins pour les Algériens, tributaires de leur positionnement géographique et de leurs moyens. A cela s’ajoutent les ruptures longues et récurrentes dans l’approvisionnement en médicaments et en produits de santé qui pénalisent toute prise en charge. De même, il n’est pas répondu à la grande question bouleversante : en cas de maladie, le futur président de la République, symbole d’équité et de justice, va-t-il se faire soigner à l’étranger dans des hôpitaux de luxe et de «Grâce» ou se contenter des services sanitaires de son pays ?»

«Les programmes consacrés au secteur de la santé, par les diff érents candidats à la prochaine élections présidentielle, reprennent en substance l’état des lieux et consignent des orientations nécessaires afi n de consolider les acquis et d’améliorer les performances du système national de santé. L’approche la plus intéressante est celle du candidat n°1 (A. Belaïd, ndlr). Mais elle reste incomplète, bien qu’elle ait mis en exergue des axes prioritaires autour desquels doit évoluer le secteur de la santé, tel que relever le taux des dépenses de santé à 10% du PIB, le principe de l’intersectorialité, aller vers une gestion managériale et contractuelle, ou encore organiser les paliers de soins autour du médecin généraliste (revenir à la notion de médecin de famille) pour une meilleure maîtrise des fl ux de patients et des dépenses. Ce qui retient l’attention dans les propositions du candidat n°2 (A. Benfl is, ndlr), c’est la notion de défi nition des standards de qualité (soins, services, gestion) et la mise en place d’indicateurs de pilotage du système de santé, ainsi que la mise en place d’un système national d’information du secteur de la santé. De même, il y a des propositions assez intéressantes dans le programme du candidat n°6 (A. F. Rebaïne, ndlr), comme la création de laboratoires et d’instituts spécialisés dans la recherche médicale, le renforcement des bureaux d’hygiène locaux et la médecine du travail.»
 

 

Autor: Ghania Lassal

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