Un ultime meeting sous tension

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
07 Abr 2014

La sérénité n’était pas au rendez-vous hier après-midi de ce qui se voulait un étalage et une démonstration de la popularité du candidat et qu’il serait l’homme providentiel qui a sauvé l’Algérie.

Paris  
De notre correspondante

C’est une salle du prestigieux hôtel Le Méridien, porte Maillot, en face du palais des Congrès, qui a reçu près de 2000 supporters ramenés par cars entiers de la région parisienne et de la province. Pendant que nous observions la scène, un homme vient nous voir pour nous signaler qu’il lui a été promis une inscription sur la liste des futurs logements destinés aux Algériens résidant à l’étranger (une des promesses du candidat Bouteflika) s’il participait au meeting.

Face-à-face

Dès 10h (le meeting a commencé à 14h mais n’a pas duré plus d’une heure), des cars déversent les supporters. A proximité, un groupe d’opposants qui seront, un peu plus tard, repoussés de l’autre côté de la rue par les CRS. Pro-Bouteflika et opposants se font face, se renvoyant slogans, voire invectives pour certains parmi les premiers comme : «Vous êtes une poignée, nous sommes le peuple», «Combien BHL vous a payés», «On va vous enlever le pantalon», «Ouled frança», «Pourquoi vous venez nous embêter ?», et autres amabilités du même genre. En face : «On est en campagne électorale, on a le droit de s’exprimer», «L’Algérie n’est pas une monarchie», «Dehors la mafia», «Vous avez vendu le pays aux multinationales», «Pour une Algérie démocratique», «Y’en a marre de ce pouvoir», «Système dégage». Le climat est tendu.

Même s’ils n’étaient pas nombreux, les partisans d’un changement démocratique (membres du RCD, de collectifs associatifs ou simples citoyens) ont donné de la voix jusqu’à la perdre. Un autre groupe de Barakat s’est un peu plus tard glissé jusque dans la salle clamant des slogans hostiles au système politique et au pouvoir en place au moment où Amara Benyounès tressait des lauriers au président-candidat
Bouteflika.

«Bouteflika vous offre tout»

Amar Ghoul décline avec gourmandise les 14 mesures prioritaires du candidat Bouteflika en direction de la communauté résidant à l’étranger. Que le président n’a-t-il pas pris ces mesures au cours de ses mandats consécutifs ! Pourquoi a-t-il fallu attendre que l’on brigue pour lui un quatrième mandat pour que des promesses soient faites aux Algériens vivant à l’étranger et particulièrement en France ? «Des propositions inédites vont ouvrir aussi largement que possible les portes de l’espoir à tous les enfants de l’Algérie», et il énonce des bourses de stages en Algérie aux enfants d’immigrés, la possibilité pour les jeunes de constituer leurs entreprises avec une aide de 100 000 euros par projet et par personne, des «privilèges exceptionnels pour les médecins», des «aides aux familles démunies», une prise en charge des retraités.

Quand de la salle on réclame des baisses de tarifs des tickets de transport, Ghoul jubile : «Ayez la patience d’écouter ce que Bouteflika, notre candidat vous propose. Il vous offre tout.» «Nous allons ouvrir le dossier des logements spécifiques pour la communauté». L’autre «message» de Ghoul : «Vous entendez beaucoup de médisances sur le Président, sur les institutions de l’Algérie, l’Algérie va bien, le Président va bien, quoi qu’en disent certains titres de presse et espaces virtuels. Bouteflika est l’artisan de la paix et de la sécurité en Algérie et dans la région.» Et «la démocratie ne se réalise pas sans process électoral, c’est la voie naturelle». Et aussi «nous voulons un changement dans la continuité de l’action entreprise par le président Bouteflika».

Amara Benyounès, pour sa part, s’est attaché à dresser un bilan des plus flatteurs du président qui a ramené «stabilité et sécurité» en Algérie, qui «a réhabilité l’Algérie sur la scène internationale», et qui a fait que l’Algérie soit «redevenue un pays fréquentable», voire «écouté». Sur le plan économique, «toutes les multinationales sont en train de revenir, car l’Algérie a retrouvé sa place». Et s’adressant à la salle : «Ayez confiance en votre Président, n’écoutez pas les détracteurs. Vous êtes en France, vous connaissez les méfaits de la désinformation.»

«Restez calmes, c’est la minute facebook»

Puis un mouvement dans la salle, l’orateur est interrompu par un groupe de jeunes de Barakat qui ont réussi à se faufiler jusque près des premiers rangs, derrière la presse. Benyounès se voulant imperturbable : «Restez calmes, c’est la minute facebook. Ressaisissez-vous, nous sommes maintenant habitués à ce genre d’intrusion. Ces gens ne nous font pas peur, ils ne vont pas nous faire taire. Nous en avons fini avec la rue, nous sommes fatigués de la rue… Ils ne sont pas plus de dix personnes dans les meetings, leur seule manière d’exister, c’est de venir dans nos meetings pour les perturber. On verra le 17 avril.» (La séquence a été filmée par El Watan, la vidéo est disponible sur le site elwatan2014.com).

«La minute facebook» que Amara Benyounès a évoquée avec ironie, voire condescendance, s’est terminée de manière forte et musclée du fait des hommes de main qui ont violemment évacué les membres de Barakat en continuant à les frapper dans le hall de l’hôtel. Un des jeunes a été hospitalisé des suites des blessures engendrées par les coups qu’il a reçus.

 

 

Autor: Nadjia Bouzeghrane

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/un-ultime-meeting-sous-tension-07-04-20...