Réviser la Constitution, leitmotiv des candidats

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
10 Abr 2014

Dans cette Constitution, tous les Tunisiens et Tunisiennes se retrouvent.

Cette Constitution préserve nos acquis et jette les fondements d’un Etat démocratique», soulignait Mustapha Ben Jaafar, président de l’Assemblée constituante de notre voisin de l’Est, la Tunisie, le 27 janvier 2014. La même année, dans l’Algérie de 2014, les Algériens se demandent quand viendra leur tour de produire une Constitution émanant de leur volonté. Les Lois fondamentales qui se sont succédé depuis l’indépendance n’ont jamais émané du peuple, mais de la seule volonté des dirigeants.

La révision de 2008 a été la consécration du fait du prince, avec son lot d’articles légalisant l’omnipotence du Président.
En avril 2011, alors que des pays voyaient leurs peuples se révolter contre la dictature, le chef de l’Etat algérien avait prononcé un discours promettant une «ouverture» politique devant se traduire par la révision de textes de loi. Malheureusement, les faits n’ont pas suivi les mots et la révision promise s’est transformée en consécration de la main de fer de l’administration sur la liberté d’être, de dire et de faire.
Dans la foulée des annonces présidentielles en 2011, celle de la révision de la Constitution n’est pas sortie du cadre de la promesse, une sorte de contre-feu ou une carte à jouer face à toute velléité de gêner le projet présidentiel pour un 4e mandat.

Aujourd’hui, alors que le rendez-vous électoral approche, les promesses de révision reviennent comme un leitmotiv pour tenter d’animer une campagne mort-née.Les porte-voix du président-candidat – alors qu’ils sont incapables de dire ou même de savoir ce que réservent leur candidat et ses hauts alliés au destin de la Constitution – habillent leurs discours de promesses de révision constitutionnelle. Un projet de haute importance, mais tellement galvaudé qu’il en est devenu le caprice d’un moment ou juste un slogan vide de campagne. La révision de la Constitution n’est pas le slogan du seul candidat absent ; Ali Benflis utilise le concept de «Constitution consensuelle». Une définition presque ressemblante à celle de la Constituante qui se base toutefois sur l’élection libre d’une Assemblée que prône Louisa Hanoune. Une idée portée déjà par le FFS depuis sa création, rejoint tout récemment par le RCD qui vient d’ajouter à son lexique la «Constituante».

Mais pourquoi une telle demande se fait-elle plus pressante et incessante ? Car il y a tout simplement crise. Il revient aux sociétés de décider de la voie à prendre pour dépasser un blocage et construire un nouveau vivre-ensemble autour de règles, de droits et de devoirs garantissant à chaque citoyen une place pour vivre dignement et un espace pour s’exprimer librement. Plus qu’une simple révision de la Constitution, la Constituante permettrait le passage d’une situation de crise via un outil politique pacifique. Construire une nouvelle République où le peuple sera l’auteur de son destin.

Une nouvelle forme d’autodétermination s’exprimant par le vote libre d’une Assemblée issue de la volonté populaire, qui se penchera sur l’élaboration d’une Constitution garantissant l’édification d’un Etat démocratique.
Il est clair que cette démarche de construction par le bas est aux antipodes des révisions constitutionnelles imposées par le haut que les Algériens ont eu à subir et à expérimenter sous chaque Président. Le coup d’accélérateur à l’histoire, donné par les Tunisiens, n’a pas été sans conséquences sur l’Algérie, qui se voit tenue d’adapter la formulation de ses aspirations à l’air du temps. L’ère de la transition démocratique dont le changement de la Constitution, lorsqu’il émane de sa société, sera le socle.
 

 

 

Autor: Nadjia Bouaricha

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/reviser-la-constitution-leitmotiv-des-c...