Fatima-Zohra Bouchemla : « Nous avons la volonté de protéger les voix des Algériens »

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
13 Abr 2014

Mme Bouchemla, chargée de la communauté nationale à l’étranger pour Ali Benflis, qui s’est déplacée en Grande Bretagne, en Espagne et en France pour rencontrer les ressortissants algériens vivant dans ces pays s’exprime sur le scrutin qui a commencé samedi à l’étranger.  L’entretien a été réalisé jeudi.

 

Quelles sont les attentes des ressortissants algériens à l’étranger que vous avez rencontrés ?

Leurs attentes sont multiples, leurs préoccupations sont importantes, depuis 15 ans on n’a toujours pas réglé le problème du transport des dépouilles. J’ai été responsable du secteur de l’émigration en 2002 – 2003, on avait fait un programme et on avait des solutions à toutes ces préoccupations. J’avais appris qu’on pesait les dépouilles, ce n’est pas dans notre culture pour faire payer les parents qui non seulement vivent un malheur mais doivent en plus vider leurs poches.

Le programme de 2003 est toujours d’actualité, il reste applicable même si on doit réactualiser certains sujets. Mais on n’avait pas voulu l’appliquer parce qu’on considérait que la communauté algérienne à l’étranger  pouvait être source de problèmes dans la mesure où elle vit dans des pays de démocratie et qu’elle pouvait faire souffler ce vent de démocratie sur le pays. Aujourd’hui, les partisans du président sortant promettent de régler les problèmes de la communauté alors que cela fait 15 ans qu’ils ne l’ont pas fait.

A la permanence de Barbès j’ai rencontré une vingtaine de venus exprimer  leur colère contre ces gens qui viennent les solliciter pour les élections même s’ils ne votent pas, j’ai saisi l’occasion pour leur parler de leur prise en charge par le candidat Benflis, de ce qu’on nous a empêchés de faire en 2002 -2003. En les regardant, je me suis dit qu’ils ont échappé à la mer car la mer a dévoré une partie de nos enfants. On fera tout pour changer leur situation.

Au dernier conseil des ministres auquel j’avais assisté, le président avait demandé à Harraoubia de réfléchir aux moyens d’élever le niveau de l’université,  le ministre de l’enseignement supérieur proposa alors de faire appel à des compétences étrangères. Je n’ai pu m’empêcher de dire qu’il était indécent de faire appel à des étrangers alors que les nôtres ne demandent qu’à venir. Je n’ai pas été écoutée. C’est dire tout le mépris qu’on a pour les ressortissants algériens à l’étranger.

 

Que répondez-vous aux accusations visant la perturbation de meetings au profit du président candidat par des sympathisants de Benflis?

Le mouvement Barakat, c’est Benflis ! Les réseaux sociaux, c’est Benflis ! Le caillassage des représentants du président sortant, c’est Benflis ! On prête à Benflis un pouvoir extraordinaire alors qu’il n’a pas la manne financière dont dispose le président sortant et qui est le bien de tous les Algériens, alors qu’il n’a pas le pouvoir de l’administration qui est doit être au service des citoyens. Notre messagerie de campagne a été piratée et son contenu a été publié, contenu qui, du reste, n’avait rien de compromettant pour nous. Nous savons qui en sont les responsables, mais ils ne se sont pas rendus compte qu’ils nous ont rendu un grand service dans la mesure où ils nous ont fait de la publicité, ce qui a élargi le cercle de nos sympathisants. Aucun internaute n’a envoyé de message à notre place, ce qui traduit l’état d’esprit des citoyens algériens à l’intérieur et à l’extérieur du pays qui ont accueilli notre candidat à bras ouverts.

 

Vous avez espoir que les électeurs vont se rendre en nombre aux urnes ? Vous ne craignez pas une abstention importante ?

 L’abstention a toujours existé, elle existera mais à une petite échelle parce que depuis une dizaine d’années, en dehors du printemps arabe qui est passé par là, il y a une prise de conscience des citoyens des pays dans lesquels la démocratie fait défaut, il y a les réseaux sociaux, les chaînes de télévision, les Algériens sont conscients de ce qui se trame contre eux le 17 avril.

 

Un des problèmes que rencontrent les électeurs en France, c’est l’éloignement des bureaux de vote de leur lieu de résidence. Pour cette élection les administrations consulaires où le problème se pose ont reçu la consigne de mettre à leur disposition des moyens de transport. Etes-vous favorable à cette disposition ?

Les consuls, comme les walis ont reçu des directives pour rendre difficile la tâche au candidat Ali Benflis, nous l’avons constaté lors de la signature des formulaires de soutien à Benflis. La fraude avait commencé à ce moment-là.

 

Si je comprends bien vous n’êtes pas d’accord pour que les consulats se chargent du transport des électeurs qui sont éloignés des bureaux de vote ?  

Nous sommes favorables à tout ce qui peut faciliter la tâche aux ressortissants  algériens à condition que cela ne soit pas conditionné par une orientation du choix des électeurs. C’est ce que nous déplorons et n’acceptons pas, mais je pense que les Algériens ne sont pas dupes, même s’ils sont transportés, même si on leur offre le repas, ils sauront quel bulletin mettre dans l’urne. Nous les rencontrons, nous échangeons avec eux et ce sont  eux qui nous rassurent. C’est l’affaire de tout un chacun de sauver l’Algérie.  

 

Ali Benflis a déclaré qu’il y aurait 60.000 surveillants sur le territoire national ? Qu’en est-il à l’extérieur du pays ?

On n’a pas encore fini de désigner nos surveillants (ndlr, à la date de jeudi soir), mais nous allons couvrir une grande majorité des bureaux de vote aussi bien en France que dans les autres pays où les Algériens sont présents. Nous avons la volonté de protéger les voix des électeurs, nous ne laisserons pas usurper les voix des Algériens et les Algériens ont décidé –c’est ce que tout un chacun a dit au candidat – que leurs voix ne soient pas détournées. Aujourd’hui le bourrage des urnes n’est plus possible, du moins plus comme avant, reste la falsification des PV.  Pour empêcher que cela se produise, nos surveillants tâcheront d’avoir une copie des originaux des PV qui nous permettront  de connaitre les résultats exacts de façon instantanée et que nous annoncerons en direct.

 

Comment vous voyez le 18 avril ?

Je le vois comme l’expression d’une majorité de voix pour Ali Benflis qui ne sera pas acceptée par le clan du président sortant, j’espère qu’ils seront sages et qu’ils n’appliqueront pas la politique de la terre brûlée, pour s’acharner à rester au pouvoir contre la volonté du peuple.

 

 

Autor:  Nadjia BOUZEGHRANE

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/fatima-zohra-bouchemla-nous-avons-la-vo...