Un nouveau programme quinquennal annoncé prématurément

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
14 Abr 2014

Le programme 2010-2014 n’étant pas encore achevé, le gouvernement via certains ministres a déjà annoncé depuis quelque mois la préparation d’un nouveau programme quinquennal 2015-2019. 

Aucun membre du gouvernement n’a avancé de chiffre global quant à l’enveloppe qui sera allouée au nouveau programme, même si certains ministères comme celui des Travaux Publics (60 milliards de dollars) ont donné des précisions sur ce que sera leur dotation ou leurs objectifs comme celui de l’Habitat (1,6 million de logements). Une démarche qui suscite des interrogations car elle intervient avant même que le président sortant ne soit réélu et alors même qu’on ignore le degré d’achèvement du programme précédant.

«Tant que nous n’avons pas fait une évaluation de ce qui a été réalisé, il serait inapproprié de penser à un nouveau plan», estime Azzedine Belkacem-Nacer, universitaire spécialiste de la planification.  Le coût des trois derniers programmes quinquennaux aurait atteint 500 milliards de dollars, mais aucun chiffre officiel ne donne une évaluation réelle de ce qu’ils ont coûté. Le dernier programment de 280 milliards de dollars comportait une partie (130 milliards) du reliquat des projets inscrits dans le quinquennat précédant. «Si programme nouveau il y a, il faudra qu’il ait comme priorité l’assainissement pour en finir avec les PEC (programme en cours), dont personne ne sait quel est leur montant», souligne notre interlocuteur. Le fait est que «tous les programmes n’ont pas été suffisamment maturés ce qui a induit des surcoûts, des dépassements de délais et une mauvaise qualité de la croissance».

Dès le mois d’août dernier, l’ex premier ministre Abdelmalek Sellal avait annoncé qu’un nouveau programme quinquennal était entrain d’être achevé «suivant les directives du président de la république» dans le but «de continuer la démarche que nous avons commencé depuis 1999 ». Cela sans tenir compte des élections présidentielles à venir et de la possibilité d’un changement à la tête de l’Etat. L’annonce laissait paraître une volonté d’imposer l’idée de la continuité dans la démarche qui ne serait possible qu’avec la continuité de la même administration.  A l’heure où le bilan des trois quinquennats est encensés par certains et décriés par d’autres, la poursuite de la même démarche laissent certains perplexes. «Il y a eu des réalisations, mais  pour quel coût», s’interroge notre interlocuteur. L’efficacité voudrait une démarche «optimum» dans laquelle le souci est de minimiser les coûts.

Mais au-delà des coûts, l’action depuis 1999 a pêché dans la prospective. «Cinq ans ce n’est pas de la prospective. L’inscription d’un plan quinquennal doit normalement être routinier avec des conditionnalités indépendantes des contingences politiciennes», estime M Belkacem. Appelés plan de relance économique ou encore plan de consolidation de la croissance, ces programmes «n’étaient pas des plans», car cela suppose «une méthodologie, des techniques à mettre en place et une coordination intersectorielle». Or, ce qui a été fait c’est «une programmation d’actions d’investissement, un listing de projets qui ont «péché par le manque de maturation».

En comme, ce «tout ce qui a été dépensé n’a pas été pensé de manière à avoir des résultats» d’autant plus que qu’il n’y avait pas d’instance qui gère ces programmes à l’image d’une «agence ou un conseil de la planification qui serait indépendant du pouvoir exécutif». De telle manière, il n’aurait pas été «soumis aux soubresauts des changements de gouvernement et parce qu’il aurait toujours été présent, nous aurions eu une démarche prospective». 

 

 

Autor: Safia Berkouk

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/economie/un-nouveau-programme-quinquennal-annonce...