«Une armée forte s’appuie sur une société civile forte»

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
14 Abr 2014

Abderrahmane Hadj Nacer précise que le consensus ne doit pas émaner d’une élite mais de tous les Algériens l Et d’ajouter : «Si l’on veut
s’en sortir et j’ai espoir que l’on s’en sorte, il faut qu’on s’écoute.»

Comment faire pour que la transition réussisse, contrairement à la tentative avortée de 1990 ? Abderrahmane Hadj Nacer énumère trois «étapes importantes», dont la première est de «nettoyer l’armée, la professionnaliser et l’aider à se retirer de la vie politique dans la sérénité». Deuxième condition : aller vers un «consensus national en ouvrant le débat à tout le monde. Cela prendra le temps que cela prendra, avec pour enjeu non pas la Constitution comme en Tunisie, mais de définir ce qu’il y a lieu de faire pour les 50 ans à venir».

Troisième étape citée par l’invité du Rassemblement action, jeunesse (RAJ) : rassurer les «voisins et partenaires» (France, Italie, Espagne et même Allemagne et Etats-Unis) et «leur dire que la transition n’est pas un facteur de déstabilisation», indique M. Hadj Nacer, ajoutant que si la transition a échoué en 1990, c’est en partie lié au fait qu’elle a été présentée comme une remise en cause des équilibres. «La création du FIS, à ce moment précis, n’a pas été le fruit du hasard. Et je sais par qui il a été créé», note le conférencier, en précisant qu’aujourd’hui, le consensus ne doit pas émaner d’une élite mais de tous les Algériens. Abderrahmane Hadj Nacer évoque le risque d’un «chaos moins 1» provoqué par une précarisation de la société menant à un «détricotage de la nation».

L’exemple de Ghardaïa est en ce sens édifiant, dit-il, en pointant un doigt accusateur sur des manipulations permanentes. «Si l’on veut s’en sortir et j’ai espoir que l’on s’en sorte, il faut qu’on s’écoute», dit-il. L’invité de RAJ remarque que beaucoup de militaires, contrairement à leur habitude, se sont exprimés dans la presse ; cela prouve, selon lui, qu’il y a déjà un débat au sein de l’institution militaire. «Le problème des débats dans l’armée, c’est qu’ils ne s’expriment pas dans la société. Pour qu’ils le fassent, il faut que la société civile soit forte», indique le conférencier, en notant que dans le temps – allusion faite à l’arrêt du processus électoral en 1992 – l’armée a utilisé la société civile pour faire ce qu’elle a voulu faire, puis une fois le travail accompli, elle s’en est détournée.

«Une armée forte s’appuie sur la société civile. L’armée, qui a besoin de bouger, a tendance à dire qu’elle a aussi besoin que la société civile bouge, et cette dernière dit attendre que l’armée bouge. Or, il faut bouger tous ensemble, mais dans l’ordre», estime M. Hadj Nacer, en faisant remarquer que les manipulateurs, d’ici et d’ailleurs, misent sur le désordre : «Le fait d’avoir cassé les alternatives politiques et sociales a fait que le système d’arbitrage est mis entre parenthèses. Si l’on est incapable d’avoir un arbitrage au sommet, celui-ci passera forcément par la rue et c’est là tout le danger.»

Le conférencier relève que nous ne sommes pas dans le cas libyen ou syrien, car l’armée algérienne est différente par sa composition populaire et nationale. «On a tout fait pour qu’il y ait une guerre civile en Kabylie, mais cela n’a jamais marché car la Kabylie, c’est l’Algérie. De même aujourd’hui avec Ghardaïa, mais cela ne marchera pas, car la réaction de la population va toujours à l’encontre des manipulations.»
Concernant le 17 avril, l’auteur de La Martingale algérienne estime qu’il faut éviter de regarder dans la direction que l’on nous montre du doigt, parce que l’essentiel n’est pas dans ce qu’ils veulent que nous regardions.

«La conjoncture internationale n’est peut-être pas favorable pour un changement, mais personne n’est sûr de ce qui peut arriver demain. Le chaos est proche, mais je suis optimiste, car nous sommes dans une période positive où nous arrivons à nous accepter», dit-il, en notant avoir espoir que la belle énergie canalisée pour un match de foot peut être mobilisée pour le bien du pays. «La seule solution est d’aller vers une résistance populaire organisée», préconise l’orateur, en appelant
syndicats, étudiants et élites à jouer leur rôle.

 

 

Autor: Nadjia Bouaricha

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/une-armee-forte-s-appuie-sur-une-societ...