Les 100 premiers jours du Gouvernement… Ce que le Tunisien veut et ce que Essid peut

Fuente: 
Le Temps
Fecha de publicación: 
10 Mayo 2015

La fixation sur les cent premiers jours du Gouvernement– une pratique courante dans les démocraties européennes- sied mal à la démocratie tunisienne qui est à ses premiers pas, si ce n’est qu’elle est encore embryonnaire, comme le pensent plusieurs observateurs avertis. Le fait est là, le chef du gouvernement a accepté cette logique et a demandé à ses ministres de préparer une liste des cinq actions prioritaires à entreprendre durant les fameux 100 premiers jours, tout en s’obligeant lui-même à réaliser le double (10 actions prioritaires) et à en faire le bilan devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Et voilà que le chef de l’Etat, a fait son bilan de l’action gouvernementale (Voir notre article « Essebsi se veut rassurant et pas rassuré »). … Des chevaliers de la plume ont déjà commencé à s’attaquer au bilan des cent premiers jours d’Essid, quelque semaines avant l’échéance, d’autres n’arrêteront pas de le faire… Pratiquement tous les jours sont devenus des cent premiers jours du Gouvernement. L’entêtement pour les bilans provisoires est sans limite. Il faut dire que les attentes des Tunisiens sont grandes, à l’aune de la défunte Troïka qui a laissé derrière elle, plusieurs déficits difficiles à combler. Elles sont pressantes, aussi et multiformes dans tous les domaines.

Un gouvernement hybride

Essid a accepté la primature, tout en réalisant l’âpreté de la tâche, la pression des attentes populaires jamais satisfaites durant 4 ans, l’ingratitude des hommes politiques ainsi que le caractère hybride de son équipe née avec beaucoup de difficultés. Même si le vote de confiance était large, on sentait la tension dans l’air pour le moindre faux- pas des « novices » et de quelques anciens…Un lapsus a occupé la scène plus de 10 jours !!!… Le gouvernement a travaillé dans l’ombre, sans chercher à faire de la Com. Les 4 partis composant sa majorité étaient concentrés sur leurs problèmes internes, reportant leurs nécessaires actions de vulgarisation de l’action gouvernementale, aux calendes grecques. Ce gouvernement est resté longtemps dos au mur, isolé et sans le moindre soutien effectif. Face aux contestations « spontanées », il était seul devant l’opinion publique. Il a commencé à colmater les brèches des projets programmés, budgétisés et non achevés …Trop de problèmes à la fois, surtout avec une centrale syndicale peu coopérante. Au ministère de l’Education, par exemple, on affirme que 60% des hauts cadres ont été nommés sur proposition du syndicat. La confusion des rôles entre Etat et UGTT ne faisait que compliquer la tâche aux nouveaux ministres.

Sécurité et lutte contre le terrorisme, 1ers soucis

Par ailleurs, le Tunisien est impatient. Il attend que son couffin devienne beaucoup moins onéreux, à remplir. C’est la tâche noire de tous les gouvernements post-Révolution. Habib Essid n’a pu faire mieux. Comme le 1er souci du Tunisien est la sécurité et la lutte contre le terrorisme, les réussites enregistrées dans ce domaine et ce, malgré l’opération du Bardo, plaident pour le Gouvernement et font oublier, provisoirement, les difficultés de la vie quotidienne, pourvu que les sacrifices attendus pour sauver l’économie du pays soient équitablement partagés. Et après les 100 jours, que se passera-t-il ? Les jours se suivront et l’inter-réaction entre base et sommet du pays créera de nouvelles situations et d’autres rapports de force. Car il est très difficile de réussir le passage des choix individuels à des choix collectifs mobilisateurs. Les Tunisiens n’ont pas d’autre choix que réussir l’opération de sauvetage en redoublant d’efforts dans le travail, tout en gardant leur liberté de parole. Il est vital que la confiance et l’espoir reviennent rapidement. 

 

Par: Hassine BOUAZRA

Source: http://www.letemps.com.tn/article/91292/les-100-premiers-jours-du-gouver...…-ce-que-le-tunisien-veut-et-ce-que-essid-peut