Pour la neutralité du système sécuritaire

Fuente: 
La Presse
Fecha de publicación: 
01 Feb 2013

«Ô pauvre policier, ils t’ont laissé derrière!», «Un statut pour nous protéger du politique», «Ô Tunisie si chère, je te défends par mon âme et c’est peu», tels sont quelques-uns des slogans scandés par les agents des forces de l’ordre venus par milliers, hier, protester à la place de La Kasbah. C’est suite à l’appel lancé lundi par leurs syndicats, notamment l’Union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisiennes et le Syndicat national des forces de sécurité intérieure, que des milliers d’agents des trois corps sécuritaires (police, Garde nationale, Protection civile) ont répondu présents. Depuis 10h00, la foule a commencé à se former sur la place de La Kasbah pour la couvrir totalement une heure après. Dans la foule, on a remarqué des dizaines d’agents, en tenue civile, portant des dossards sur lesquels était inscrit «Sécurité neutre». C’est le comité d’organisation.
«La marche est bien réussie du point de vue nombre de participants, ce qui confirme la réactivité des bases qui viennent exprimer leur confiance quant au travail des syndicalistes. Nous avons fait appel à ceux qui ne sont pas en service de telle façon que le service public soit assuré. La participation de tous ces agents venus de toutes les régions ne peut que rassurer quant à l’impartialité et la neutralité du travail syndical. C’est un droit et nous nous attachons à ce droit vu que les agents des forces de l’ordre ont souffert de l’oppression et de la dictature 50 ans durant. Ce que nous pouvons confirmer est que les syndicats ne sont pas et ne vont pas être soumis au pouvoir politique», a enchaîné Ali Ben Yezza, secrétaire général du syndicat régional de la Garde nationale à l’Ariana. Derrière lui, au centre de la place, quelques banderoles sont déployées sur lesquelles on pouvait lire : «Non à la politisation des instutions sécuritaires», «La prime de mort : 20 dinars !», «Le droit syndical est un droit légitime» et «Nos revendications sont tout à fait légitimes. La prime de risque est de l’ordre de 20 dinars qui revient à 18 dinars net ce qui est inconcevable par rapport au danger auquel est exposé l’agent quel que soit le corps sécuritaire auquel il fait partie. Aussi, la réforme du système sécuritaire nécessite un  cadre juridique puisque l’ancien cadre était un cadre plutôt d’instructions.
Il faut mettre des lois qui soient au diapason du travail sécuritaire et qui protègent l’agent lors de l’accomplissement de sa tâche loin de tout tiraillement politique. Ce qui nous intéresse, comme agents des forces de l’ordre, c’est l’intérêt public. Dans ce sens et pour éviter toute possibilité de pression, il faut améliorer la situation sociale des agents, notamment à travers la réactivation des mutuelles pour mieux les encadrer sur les plans social et sanitaire», a ajouté Ali Ben Yezza, alors que des agents autour de lui criaient à la justice sociale et à l’annulation du système d’instructions.

Des points prioritaires à négocier

Selon Nabil Ayari, secrétaire général du Syndicat national des forces de sécurité intérieure, une délégation syndicale relevant des différents syndicats du secteur sécuritaire s’est entretenue vers la fin de la matinée avec l’un des conseillers du ministre de l’Intérieur afin de trouver un terrain d’entente.
D’après lui, certains points constituent une priorité dans la situation actuelle caractérisée par des tensions sociales. Il s’agit de la revalorisation de la prime de risque, la régularisation des situations administratives quant aux avancements et à la couverture sociale pour ceux qui ont été révoqués ainsi que ceux qui ont repris leurs fonctions après la révolution.
Pour ce dernier point, il a insisté sur la situation des syndicalistes qui ont été révoqués et doivent reprendre leurs fonctions, dans le cadre l’amnistie générale. Aussi, Ayari  a appelé à réactiver l’implication des syndicats dans les différents conseil (de discipline, de l’habitat). Des points prioritaires qui, selon lui, seront décisifs quant à la signature d’un accord avec le ministère de l’Intérieur ou pas. «Autrement, nous allons continuer à protester et dans ce cas ce sera par d’autres moyens que le sit-in ou les marches».

Accord préliminaire entre la délégation syndicale et le ministère de l’Intérieur

Le secrétaire général du syndicat des agents de la direction générale des brigades d’intervention, Lassaâd Kchaou, a affirmé, hier, que les concertations qui ont réuni, dans la matinée, une délégation des syndicats du secteur de la sécurité et les services de la présidence du gouvernement «ont abouti à un premier accord sur un ensemble de points».
«Il a été convenu d’augmenter la prime de risque, sur plusieurs tranches, d’un montant qui sera annoncé mardi prochain lors d’une conférence de presse du chef du gouvernement et des syndicats», a-t-il déclaré.
Les deux parties ont également convenu d’arrêter un programme de révision des salaires des agents de la sécurité ainsi que les primes «qui n’ont pas été revues depuis les années 1970», a encore indiqué M. Kchaou.
L’augmentation des salaires des agents ferait l’objet d’un accord cadre entre les deux parties.
Par ailleurs, il a indiqué qu’il a été convenu de fixer un ensemble de critères pour régulariser la situation des agents réintégrés après la révolution, et qui englobent le système d’avancement en fonction de l’âge et la couverture sociale pour les années de révocation. Aussi, l’accord concerne l’examen de la situation des 164 agents licenciés après la révolution et la réintégration de ceux qui ne sont pas impliqués dans des affaires de mœurs.
Les négociations ont, en outre, abouti à un accord pour la révision du statut des corps sécuritaires qui peut être amendé par des arrêtés de la présidence du gouvernement.
L’amendement des articles relatifs au recrutement, à la formation et aux mesures disciplinaires sera prochainement examiné, a-t-il annoncé.

Nizar Hajbi

http://www.lapresse.tn/01022013/62007/pour-la-neutralite-du-systeme-securitaire.html