Le casse-tête des chaînes privées

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Tout sur l´Algérie
Fecha de publicación: 
08 Feb 2017

La prochaine campagne pour les législatives du 4 mai 2017 constituera une nouvelle occasion pour reposer le rôle des médias, notamment des nouvelles chaînes privées de télévision.

Ce rôle a été accessoirement abordé lors des élections présidentielles de 2014 après la fermeture, en mars de la même année, d’Atlas TV, soupçonnée de mener campagne contre le 4e mandat pour Abdelaziz Bouteflika.

Depuis, le débat n’a pas été posé en des termes clairs sur l’action des nouvelles chaînes privées avant et pendant une campagne électorale. Hamid Grine, ministre de la Communication, a déclaré, lundi à Béjaia, que les chaînes ayant des bureaux accrédités en Algérie sont libres de couvrir les meetings électoraux.

Mais ces chaînes sont, selon lui, libérées de la mission «inhérente à la diffusion des expressions électorales directes » des candidats. « Cette mission sera l’apanage des médias publics (ENRS et ENTV)», a-t-il indiqué.

Il s’agit, en fait, de cinq chaînes sur la quarantaine qui diffusent via satellite (Nilesat, Arabsat) en Algérie : Ennahar TV, Echourouk TV, Dzair TV, El Djazaria et Hoggar TV, autorisées provisoirement à exercer en Algérie depuis le 15 mai 2013 (autorisation reconduite en juillet 2014) avec statut de chaînes étrangères.

Ces chaînes attendent d’être autorisées à émettre officiellement en Algérie depuis le dépôt de dossiers auprès de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav), après publication des textes relatifs, entre autres, au cahier des charges et aux conditions de mise en œuvre de l’appel à candidature pour l’octroi de l’autorisation en septembre 2016.

« Il y a eu dans l’espace audiovisuel un chaos productif qui fait que les premiers arrivés sont les premiers servis », a déclaré, en septembre dernier, Zouaoui Benhamadi, président de l’Arav.  Il a rappelé la nécessite de mettre de l’ordre dans le secteur.

Mais jusque-là, les autres chaînes privées qui diffusent en Algérie sont toujours maintenues au statut de « tolérés non autorisés » à l’image de Beur TV, KBC, Echourouk News, Dzair News, Numedia, El Anis TV, El Bilad TV.

Ces chaînes seront-elles autorisées à couvrir librement la campagne électorale ? Le gouvernement peut-il obliger une chaîne qui n’a pas d’existence légale à observer la neutralité en matière de temps d’antenne avant et durant la campagne ? L’épisode d’Atlas TV risque-t-il de se reproduire avec toutes les conséquences politiques probables ?

Il est évident que des partis, qui cherchent coûte que coûte à se replacer dans l’échiquier politique, vont s’engouffrer dans le « vide juridique » et « les cases blanches » pour utiliser soigneusement les écrans qui leur sont favorables. Non soumises à un cahier des charges, ni à des obligations claires, les chaînes offshore peuvent se permettre de faire campagne en faveur d’un courant politique, un parti ou des candidats. Les candidats les plus fortunés pourraient même « acheter » du temps de passage à la télévision. Dans le même temps, ces mêmes chaînes ont un couloir ouvert devant elles pour faire campagne contre un parti ou candidat.

Dans ce contexte, quelle autorité et quels moyens a donc l’Arav pour contrôler tout cela et imposer un minimum de règles ? Un véritable casse-tête qui souligne les retards enregistrés dans l’organisation du champ audiovisuel en Algérie, deux ans après l’adoption de la loi de janvier 2014. 

Autheur: Fayçal Métaoui

Source: http://www.tsa-algerie.com/20170208/casse-tete-chaines-privees/