L’Exécutif va mieux et l’UGTT revient aux sources !

Fuente: 
Le Temps
Fecha de publicación: 
10 Mar 2017

Les chiffres ont cette vertu… qu’ils ne trompent pas, sauf ceux qui les ignorent et font semblant de tout savoir en s’accrochant à des illusions !

Je reviens au dernier baromètre politique de notre journal et de Dar-Assabah, réalisé par Emrhod Consulting, au mois de Mars courant, pour une lecture à tête froide, et j’en tire certaines orientations et implications sur le paysage politique avec ses composantes économiques et sociales ainsi qu’une projection relativisée sur le futur immédiat.

Première constatation, l’Exécutif va mieux avec ses deux têtes à Carthage et à la Kasbah. BCE est à 39,1% de taux de satisfaction des Tunisiens (sondés) et ceci il le doit à ses percées diplomatiques en Europe (Italie-Allemagne) et à son initiative « libyenne », toujours à l’état d’esquisse, tant que certaines parties au conflit n’arrivent pas à abandonner la solution militaire et militariste « finale ». Le Général Haftar boude malgré la bonne volonté de ses soutiens égyptiens, et là, il faut dire qu’une partie de la fameuse société « civile » tunisienne (plutôt religieuse), ne facilite pas le boulot de BCE en s’opposant à la visite de Hafter et même du président Essisi à Tunis.

Quant au Premier ministre, M. Youssef Chahed, il grimpe allègrement dans les sondages et semble marquer des points à ses concurrents de taille, comme MM. Mehdi Jomaâ et Mohsen Marzouk, le premier, en disparaissant carrément des écrans-radars des sondés et le second, en perdant plus que 8 points par rapport à ses 13% d’opinions favorables il y a six mois !

Chahed est récompensé  pour sa visible bonne foi auprès des classes moyennes qui apprécient ses visites sur le terrain à Siliana et dernièrement au Sud, Djerba-Ben Guerdane, ainsi que son courage à affronter cette réalité bouillonnante de la Tunisie profonde. S’est-il abreuvé à la fameuse source du bourguibisme du contact direct (Al ittisal al moubacher) ! En tout cas, ça a l’air d’apaiser cette « rébellion » manipulée par les « régionalistes » impénitents qui montent le Sud et l’Ouest contre le Nord et la Tunisie du rivage « sahélien ».

Mieux encore, elle donne de l’espoir aux autres régions, car voilà enfin, un Premier ministre qui ne fait pas de calcul pour aller au charbon ardent des exigences attisées des populations « marginalisées » par l’ancien régime.

Autre constatation de taille, la persistance de « Nida Tounès » comme parti encore « majoritaire » auprès des sondés malgré toutes ces crises internes et ces fissures par le leadership. Comment l’expliquer, alors que sur la toile, beaucoup d’intervenants estiment que « le Nida » de M. Hafedh Caïed Essebsi, est bel et bien, fini ! Pour ma part, je ne peux l’expliquer que par la faiblesse extrême des autres formations de gauche et du centre-gauche et du centre-droit devant cette « citadelle » en mobilité constante avec une faculté d’adaptation réelle en apparence, qu’est « Ennahdha ».

Aucun mouvement, y compris le « Machroou » (Projet Tunisie) de M. Marzouk, ne rassure les Tunisiens, du fait de certaines alliances plutôt redoutées comme « affairistes ».

De quoi se demander, blanc-bonnet, bonnet-blanc…, quelle différence avec les éléphants du genre qui entourent le jeune Hafedh Caïd Essebsi ! S’ils sont tous les mêmes, autant garder ce que l’on a.

Par conséquent, le manque de crédibilité de la classe politique est manifeste, toutes options idéologiques confondues, auprès des Tunisiennes et des Tunisiens, dont 54% n’iront pas voter  si les élections municipales étaient pour demain !

Devant le ras de marée islamiste nahdhaoui, très redouté et qui menacera le pays, en annonçant une nouvelle hégémonie de type « troïkiste-bidon », et qui peut ramener la Tunisie à nouveau  à « l’anarchie créatrice » (al fawdha al khallaka), celle-là même qui a mis ce pays à genoux, ses institutions, son économie et surtout sa sécurité, les sondés d’Emrhod, préfèrent le statu-quo « Nidaïste » majoritaire, même s’il ne gouverne pas en tant que tel. D’où ces statistiques toujours favorables à Nida Tounès, tant que BCE a la haute main sur les équilibres globaux du pays. D’ailleurs, Hafedh Caïed Essebsi l’a confirmé dans cette fameuse « vidéo piratée », ce qui prouve qu’il n’est pas aussi « imbécile » ou naïf, qu’on le croit…. Bien au contraire !

En conclusion, les Tunisiens s’accrochent au moindre indice de la stabilisation du pays. La montée de M. Noureddine Taboubi à la tête de l’UGTT me paraît très positive. J’ai suivi et écouté le nouvel homme fort de la centrale syndicale historique du grand Hached, et il m’a impressionné  par sa démarche apaisée, pragmatique, raisonnable et rationaliste. Un Secrétaire général de l’ UGTT qui appelle, à nouveau, au travail, pour créer  la richesse, je ne l’ai pas entendu ça fait bien longtemps ! C’est une véritable évolution à saluer dans le discours syndical national. D’ailleurs, les prémisses de solutions sérieuses avec les enseignants et d’autres secteurs sont encourageantes. Pour ma part, j’ai toujours soutenu la doctrine « Hached » de l’unité nationale et du peuple tout entier (Ouhibbouka ya chaâb), loin de la lutte des classes et des affrontements coûteux pour le pays entre les travailleurs, le capital et les entreprises.

M.Noureddine Taboubi a l’air de vouloir remettre l’UGTT sur sa véritable orbite naturelle, celle de son fondateur et celle de la Nation toute entière et non pas seulement de la classe ouvrière. Ma génération est attachée aux deux leaders qui ont fait la Tunisie moderne : Bourguiba et Hached.

Si cette démarche se confirme, le pays peut se relever rapidement. L’investissement reprendra des couleurs pour le bien de tous, ouvriers-cadres et entreprises, en plus de la création de nouveaux emplois et la croissance sera de nouveau ascendante.

Le sondage d’Emrhod, pour Dar-Assabah et « Le Temps », montre clairement que les Tunisiens veulent la stabilité et la relance de l’économie. Le pessimisme relatif encore affichée par 40% des sondés, s’explique par le rythme encore lent de la reprise qui doit passer à la vitesse supérieure et là, M. Chahed, Premier ministre, doit encore pousser sa machine à accélérer la cadence de la réforme et de l’exécution des projets sur le terrain.

Optimiste, diriez-vous, au vu du sondage. Ça fait des mois et quelques années qu’on attend la lumière du jour !

Alors, un peu d’optimisme, ça fait du bien ! 

Date: 10/03/2017

Author: Khaled Guezmir

Source: http://www.letemps.com.tn/article/102046/l%E2%80%99ex%C3%A9cutif-va-mieux-et-l%E2%80%99ugtt-revient-aux-sources