Présidentielle 2014: le gouvernement en campagne préélectorale!

Source: 
Le renovateur
Publication date: 
Feb 20 2014

Les premiers jours de l’action du nouveau gouvernement récemment formé ont été marqués par une exécution à la lettre par les ministres nommés des instructions strictes données par le Président de la République au cours de la réunion du Conseil des ministres de jeudi dernier.

Assurer une proximité du service public et une dynamique de l’action étatique étaient les principaux mots d’ordre de ce conclave gouvernemental. Depuis cette date, les nouveaux ministres ne connaissent pas de répit, multiplient les visites d’information et de reconnaissance aux départements, directions et services relevant de leurs compétences. Objectif : transmettre les consignes d'en haut et appeler leurs subordonnés à rompre totalement avec l’anarchie et le laisser-aller qui régnaient auparavant. Une effervescence inédite, intensive voire décentralisée et étendue pour la nouvelle équipe du Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, qui est aujourd’hui à sa 4ième reconduction au poste convoité de Chef du gouvernement. Une vivacité manifeste et un sens élevé des ministres du devoir de s’acquitter d’un service public parfait. Partout, dans les ministères, c’est la panique des employés devant cette hargne inhabituelle des ministres, rarement présents sur ces lieux de travail pour s’enquérir du pouls de leurs prestations.  Une dynamique qui soulève de nombreuses questions, une verve subite, des appels pressants à l’assiduité et à l’abnégation signifiés par les membres du gouvernement à un personnel, pour soigner l’image d’un pouvoir, qui n’est pourtant pas à sa première semaine de direction du pays, pour ne pas trahir sa volonté d’innover et de rompre avec l’amateurisme de l’action administrative d’antan, dont l’Etat semble n’avoir pris réellement conscience qu’à quelques encablures de la présidentielle de 2014 de juin prochain. Comment comprendre aussi cette main tendue des maîtres du pays à leurs opposants radicaux, traduite par cette rencontre survenue mardi entre le Premier ministre et le leader de l’UFP, alors que depuis 2008 jusqu’à hier, le pouvoir a toujours persévéré dans la gestion unilatérale des affaires publiques, sans jamais accepter de faire des concessions, minimes soient-elles dans les pseudos dialogues qu’il initiait avant de les tuer dans l’œuf. Pourquoi le Président de la République donne des instructions seulement maintenant de régler le plus vite possible tous les problèmes fonciers et pourquoi a-t-il attendu quelques mois après la fin de l’hivernage pour venir hier au chevet des habitants de Socogim PS toujours impatients de voir les hollandais transférer leur technologie des bâtiments aquatiques dans ce quartier toujours au pieds plongés dans l’eau ? Pourquoi nommer un nouvel Ambassadeur pour Paris, dans ce qui s’apparente à une opération de charme destinée à séduire les expatriés mauritaniens qui manifestent au jour le jour pour obtenir leurs droits civils ? Est-on en présence d’une nouvelle phase de décrispation entre l’actuel régime et les communautés résidentes à l’étranger qui dénoncent leur statut d’apatride consécutif à leur déni massif par leur patrie mère ? Pourquoi ces millions d’ouguiyas dont personne n’a entendu parler toutes ces dernières années, sont distribués gracieusement ces derniers temps et pas avant aux populations et aux sinistrés ? Pourquoi les dettes dues aux agriculteurs depuis quelques années n’avaient pas été annulées auparavant et pourquoi un beau jour l’Etat se réveille pour assurer son soutien inconditionnel des éleveurs pour la future saison agropastorale qui – prudence et mère de sureté- n’interviendra qu’une le futur Président de la République élu? Pourquoi les ministres qui s’enfermaient hier dans leur bureau, pour s’adonner à l’affairisme propre à fructifier leurs intérêts personnels affichent de la fermeté et de la détermination d’assurer le service public en gardant un œil vigilant sur l’action de leur département. Un chapelet de "pourquoi" et questions qui n’a pas besoin d’être égrené, dés lors où l’observateur averti voit en filigrane se profiler lentement les raisons non avouées d’une campagne avant l’heure en perspective de la prochaine présidentielle 2014. C’est d’autant vrai que le pouvoir, assujetti par les intenses flots de mécontentement de tout bord, au sein même de sa propre majorité politique ainsi que de ses milieux d’affaires voire tribaux et régionaux, n’est pas assuré de remporter facilement cette échéance décisive.  Une présidentielle 2014 qui fait bouger l’opposition et qui se présente pour cet important pole politique, malgré ses défauts, une perche de salut pour l’avènement d’une alternative démocratique moins démagogique et plus engagée.

 

Source/Fuente: http://www.le-renovateur.com/presidentielle-2014-le-gouvernement-campagn...