Organisé par des partis de l’oppositions, des ONGS, des syndicats et des personnalités, le forum de 'la démocratie et l’unité' a pris fin dimanche dernier aupalais des Congrès à Nouakchott.
Les participants, de divers horizons, n’ont pas eu, miraculeusement, de grandes difficultés à s’entendre sur un document de base et sur la création d’une nouvelle structure chargée de suivre la mise en place des conclusions du conclave. Une première victoire de la mouvance opposée au régime qui risque pourtant d’être de courte durée. Comme on dit le diable se trouve dans les détails… Palais des Congrès, vendredi 28 février. Depuis le début de l’après midi, les gens ne cessent d’affluer à la place pour assister à l’ouverture du forum de l’opposition. Le nombre de voitures garées sur la route rappelle ‘’le bon vieux temps’’ des réunions du PRDS (le parti Etat au temps de Maaouiya), commente un journaliste venir couvrir l’événement. L’engouement est réel. Les organisateurs étaient les premiers surpris face à la grande affluence. Toutes les salles du palais des congrès étaient combles et beaucoup de monde n’y ont pas pu accéder et étaient obligés de revenir chez eux déçus. Un ancien ministre chargé avec d’autres personnalités de l‘organisation du forum a sa propre lecture de cette grande affluence. Selon lui, en Mauritanie, il existe trois acteurs de la politique : le pouvoir, l’opposition et le peuple. Une manière pour lui d’exprimer l’échec du pouvoir et de l’opposition à convaincre l’opinion, pourtant prête, dit-il, à s’engager dans n’importe qu’elle aventure susceptible de faire de nouvelles propositions… Une interprétation qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui reflète quand même la réussite de l’événement. Du moins au niveau de la mobilisation et de la qualité des participants. Ce qui a fait un peu oublié les difficultés de la tenue du forum surgis à la dernière minute par rapport à la participation du Rassemblement des Forces démocratiques (RDF), le parti de l’opposant historique, Ahmed Ould Daddah. Il a fait, en effet, savoir à ses partenaires sa volonté de se retirer définitivement si la présidence de la séance ne lui est pas donnée exclusivement. Sans partage avec la société civile et les personnalités indépendantes –les organisateurs prévoyaient une présidente tripartite des partis politiques, la société civile et les personnalités. Sans avoir gagné la partie, le RFD a réussi tout de même à imposer que son chef prononce le discours d’ouverture. Et pas seulement ça. C’est le parti qui a rédigé le discours de son président et non pas la commission d’organisation. C’est ce qui explique que le ton et certains passagers du discours ‘ouverture ne reflètent pas nécessairement le point de vue de tous les organisateurs du forum. Sur un autre plan, on a noté la présence à la séance d’ouverture du forum de représentants de certaines chancelleries diplomatiques : Etats-Unis, Maroc, Iran. Mais surtout, on a remarqué l’absence des diplomates européens accrédités à Nouakchott. Est-ce une position arrêtée et réfléchie ou s’agit-il tout simplement de contraintes liées à leur agenda ? Mais au-delà des ratés ou réussites du forum de l’opposition, de la société civile, des syndicats et des personnalités, ce conclave a accouché d’une analyse objective de la situation et du pays, d’une nouvelle manière de voir les choses qui pourrait bientôt se traduire par la naissance d’une nouvelle structure opposée au régime. Quelle structure ? “ …Les partis politiques, organisations de la société civile, mouvements des jeunes et personnalités indépendantes engagés dans le Forum National pour la Démocratie et l‘Unité ont décidé de conjuguer leurs efforts pour faire aboutir la demande de changement démocratique qui se manifeste avec force dans le pays’’, peut-on lire dans la déclaration finale. Cet engagement doit se traduire par la mise sur pied d’un « Cadre de concertation et de suivi des conclusions du Forum ». Comment va être organisé ce cadre ? Quel nom va-t-il porter ? Comment les membres vont y être représentés ? Un tas de questions qui sont actuellement à l’étude et qui pourraient avoir leur réponse rapidement. En attendant cela, toute porte à croire que les structures politiques post forum (COD, AP) devraient être englouties par le nouveau cadre. Ce qui en d’autres termes veut dire leur mort. Autre conclusion du forum : ’’ …la sortie de la crise politique et sociale et les solutions aux problèmes multiformes que connaît le pays doivent passer par une rupture radicale avec les régimes autocratiques et par la construction d‘un état de droit véritablement démocratique, garant de la neutralité de l‘administration et de toutes les institutions publiques dans les compétitions électorales; garant aussi de l‘unité nationale et de l‘égalité en droits et en devoirs de tous ses citoyens’’. Mais les participants au forum de la démocratie et l’unité n’acceptent pas n’importe quel changement. Le changement que les participants au Forum se fixent comme objectif ‘’doit se faire par les voies démocratiques. A ce propos l‘existence de partis politiques responsables, d‘organisations de la société civile engagées et de centrales syndicales matures, ainsi que l‘engagement de personnalités indépendantes ayant une autorité morale confirmée, coordonnant leurs efforts dans un cadre unifié, constitue une chance pour le pays et une garantie contre tous les dérapages déstabilisateurs. C‘est aussi une condition incontournable pour réaliser un changement maîtrisé, responsable et serein’’. Ils disent cependant pas comment allaient-ils atteindre leurs objectifs, même s’ils mettent en garde contre les aventures politiques comme les coups d’état. Ils estiment dans ce cadre qu’il est nécessaire que le changement ‘’soit l’oeuvre des forces politiques et sociales porteuses de programmes et de visions sociétales, s’appuyant sur une dynamique de masses impliquant les diverses couches et composantes de notre peuple’’. Il faut noter que le forum des gens opposés au régime du président Aziz a produit trois documents qui traitent des trois grands thèmes débattus : l’élection présidentielle ; le cadre de concertation ; les grands thèmes nationaux… Jusqu’ici, il n’y a pas eu de grands problèmes entre les nouveaux partenaires. Cela ne veut pourtant pas dire qu’il n’y a pas de divergences entre eux loin s’en faut. Il y a bien des thèmes qui continuent de les diviser, particulièrement la participation à l’élection présidentielle en vue et, surtout, la question du choix du candidat. Des questions qui n’ont tout simplement pas été encore évoqués et qui risque bien de faire éclater la fragile alliance.
Autor: Mohamed Mahmoud Ould Targui
Source/Fuente: http://mauriweb.info/index.php/actualite/1792-forum-de-lopposition-naiss...
