Jamais une campagne électorale, qu’elle soit présidentielle, législative ou communale, n’a éveillé dans le cercle de Niono une tension sociale aussi forte que celle des scrutins de l’année dernière. Le climat social s’est brusquement détérioré à cette occasion dans le cercle particulièrement dans la ville Niono. La tension montait d’un cran chaque jour. A l’origine de cette situation délétère, 2 radios privées : Kayira et Sahel.
Les deux stations échangeaient quotidiennement des messages diffamatoires voire injurieux. Engagées à corps perdu pour la cause de leurs candidats, elles faisaient peu de cas du respect de l’éthique et de la déontologie sensées guider les actions des acteurs de la presse. Avec leurs émissions, ces radios cultivaient la haine et le mépris au sein de la population car bien souvent, elles ne se privaient pas de commenter la vie privée des adversaires de leurs candidats. La campagne électorale était devenue à une occasion de règlement de comptes où tous les coups étaient permis.
Face à cette situation, les autorités locales ont invité à maintes reprises les animateurs des radios concernées à se maintenir dans le cadre strict des élections tout en leur rappelant les dispositions légales qui régissent la radiodiffusion. Ces interventions sont restées sans effet et les échanges de noms d’oiseaux ont continué de plus belle de part et d’autre.
Une nouvelle tentative d’adoucir le fiel des animateurs a été initiée par le juge de paix à compétence étendue de Niono. C’était le 11 mars dans son bureau où à cette occasion les responsables de toutes les radios de la place ont signé un protocole d’accord de bonne conduite demeuré lui aussi sans effet.
Mais comme le dit un vieil adage, toute chose a une fin. Par bonheur, la société civile avec à sa tête le chef de village et réunissant tous les imams de la ville, le pasteur de l’église protestante, le curé de l’église catholique, la présidente de la Cafo, le représentant du Recotrad et d’autres notabilités, vient de réussir là où les autorités administratives ont connu des difficultés. En effet, elle a pu, pour l’heure, instaurer une accalmie dans la guerre des ondes.
Une rencontre avec les responsables des deux radios a abouti à l’arrêt de tout propos diffamatoire et injurieux sur les ondes. Et depuis, c’est la trêve. La population s’en réjouit vivement.
Le cercle de Niono compte de nos jours, 11 radios de proximité officiellement déclarées dont 7 dans la seule ville de Niono. La toute première radio opérationnelle cercle a commencé à émettre le 14 octobre 1993. Il s’agit de Radio « Tiessiri », fruit de la coopération entre le gouvernement et l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT). Tournée vers l’éducation, la formation et la sensibilisation des populations de cette zone à vocation agro-sylvo-pastorale, « Tiessiri » a libéré la parole paysanne. Elle partage aujourd’hui l’espace radiophonique avec 6 autres stations : les radios Colon, Delta, Seco, Kayira, Office du Niger et Sahel. A l’intérieur du cercle, des radios opèrent à Diabaly, Dogofry, Siribala et N’Débougou.
Instrument de développement et de cohésion sociale au service de la population, la radio a tendance à devenir, à la faveur de la politique, une arme de destruction, de démobilisation, de culture de la haine et du mépris à Niono. Une situation qui interpelle plus d’un.
Autor: C. O. DIALLO
Source/Fuente: http://maliactu.net/niono-treve-dans-la-guerre-des-ondes/
