Gestion du Mali : La DPG, l’opposition et la réalité

Fuente: 
Maliactu
Fecha de publicación: 
03 Mayo 2014

Le Mali est loin d’avoir sorti la tête de l’eau au moment où le Premier ministre tente de convaincre les députés de la pertinence de la politique générale du gouvernement. Le projet gouvernemental trouvera certainement sur son chemin des opposants prêts à se servir du quotidien des Maliens pour se faire entendre.

Dans sa déclaration de politique générale (DPG) mardi dernier à l’hémicycle, le Premier ministre Moussa Mara a placé les repères de l’action gouvernementale. La DPG lance officiellement le démarrage des activités du gouvernement, moins d’un mois après la nomination de son nouveau chef. Ce qui représente déjà une prouesse pour M. Mara vu que son prédécesseur, malgré sa bonne volonté, n’avait pas bénéficié de conditions aussi favorables pour présenter les grands axes de la politique de son équipe aux députés. Ces derniers devraient en principe donner leur feu vert au projet ce vendredi lors d’un vote. La machine du gouvernement s’attellera alors à traduire en actes concrets les éléments constitutifs du document qui représente la vision du président de la République Ibrahim Boubacar Keita. Un travail, qui selon le PM, n’est que le prolongement des actes posés depuis l’investiture d’IBK à la magistrature suprême. Oumar Tatam Ly a rendu le tablier parce qu’on ne lui avait pas donné les moyens de sa politique. Moussa Mara réussira-t-il à vaincre le signe indien ? La réponse à cette question passera par la gestion efficiente par M. Mara et son équipe de certains domaines sensibles dans le Mali actuel.

La situation au Nord est une fâcheuse question au Mali. Les Maliens sont toujours écœurés de constater que l’Etat n’arrive toujours pas à exercer son autorité sur cette partie du pays. Or, la question a été l’un des thèmes névralgiques de la campagne présidentielle. Et nos compatriotes ont jeté leur dévolu sur IBK en grande partie à cause de sa détermination apparente à débarrasser le septentrion de ses fossoyeurs. Aujourd’hui, le tableau est sombre, avec des rebelles maîtres de Kidal et un Etat qui parle toujours de « déploiement progressif » alors que ce dossier aurait pu être bouclé si le gouvernement y avait mis un peu de cohérence et d’opiniâtreté. Le chef du gouvernement a évoqué devant les députés les points clés de sa politique sur le Nord. Convaincu de la nécessité de dialoguer avec les rebelles, le locataire de la Primature a réitéré que l’Etat focaliserait ses efforts visant le retour de la paix sur des rounds de négociations basés sur les principes fondamentaux de la République du Mali. La réconciliation nationale contribuera elle aussi à asseoir les jalons de la paix, a insisté le PM.

 Tableau noir

Cependant, les négociations ont du plomb dans l’aile et les contestations ne finissent jamais, surtout du côté des rebelles. L’Etat peine à embarquer tout le monde dans le même bateau, même avec la nomination d’un nouveau ministre chargé de la Réconciliation. Celui-ci, dont le prédécesseur dans ce même département a longtemps souffert de la volte-face des rebelles, est déjà contesté par les sécessionnistes.

La justice aiderait également au retour définitif de la paix au Nord. Le Mali ne saurait se relever sans une justice de référence. Le président du parti Yelema en a parlé face aux élus de la nation. L’objectif est de faire de la justice l’un des secteurs centraux de la gouvernance IBK. Toutefois, le Mali devra gérer le spectre du « Parti-Etat » qui se profile à l’horizon. Formation politique majoritaire, l’influence du Rassemblement pour le Mali (RPM) devient de plus en plus forte sur l’appareil de l’Etat. Et certains dignitaires du parti présidentiel souhaiteraient une mainmise accrue de leur parti sur le Mali. Au rythme où vont les choses, il est à craindre que ceux qui seront avec le pouvoir  ne fassent la pluie et le beau temps au Mali, en toute impunité, alors que les opposants au régime devront s’expliquer devant la justice pour des dossiers montés en toutes pièces. En réponse aux récentes critiques de l’opposition, un responsable politique et membre du RPM a confirmé cette hypothèse. En tout état de cause, l’opposition ne veut pas se laisser faire. Dans un entretien récent, le chef de l’opposition politique parlementaire a affirmé toujours attendre du ministre de la Justice des preuves de son accusation de détournement de 22 milliards de F CFA quand il était ministre des Finances. Comme pour dire que l’application de la politique du PM trouvera de sacrés clients sur son chemin.

En attendant l’approbation de la DPG par les députés, l’opposition continuera à réchauffer le terrain politique et probablement animer les débats à l’Assemblée nationale ce vendredi en prélude au vote sur le projet du PM. Le député de Niafunké Soumaila Cissé a déjà annoncé les couleurs en dressant un tableau sombre des 7 mois de gouvernance IBK. « L’attente des Maliens était très forte sur des sujets comme la sécurité, la réconciliation nationale, la justice… On n’a pas beaucoup bougé depuis. Kidal est toujours inaccessible.

Dans le Nord, on assiste à une recrudescence de l’insécurité, et l’attaque du domicile de l’ancien président Alpha Oumar Konaré nous rappelle que Bamako n’est pas a l’abri. Les négociations avec les groupes armés piétinent. Enfin, les investisseurs ne sont pas encore rassurés, et l’aide internationale de 3 milliards d’euros n’est toujours pas débloquée », a regretté le chef de l’opposition parlementaire.

 

 

Autor: Ogopémo Ouologuem

Source/Fuente: http://maliactu.net/gestion-du-mali-la-dpg-lopposition-et-la-realite/