Politique et justice Dr Oumar : Mariko sous haute assistance du RPM

Fuente: 
Maliactu
Fecha de publicación: 
12 Mayo 2014

Les observateurs de la scène politique nationale auront été surpris par une passivité peu habituelle chez le Dr Oumar Mariko, à l’occasion des débats sur la Dpg du Premier ministre Moussa Mara. Elu à Kolondiéba pour un deuxième mandat consécutif, l’ancien animateur de l’opposition, désormais apparenté à la majorité présidentielle, en a sans doute profité pour se murer derrière un profil bas au détriment du sens commun et d’un sens aigu de l’intérêt national que lui reconnaissent ses plus coriaces adversaires.

En tout cas, c’est mal apprécier la posture inhabituelle du Secrétaire général de SADI que de la mettre au seul compte de son appartenance, tant il s’est toujours illustré comme un libre-penseur  et n’a du reste jamais été lié par un quelconque partenariat politique. Et l’on se rappelle un passé encore récent, lorsque la présence du président Cheick Oumar Sissoko au gouvernement ne l’empêchait point de dégainer et de tirer à boulets rouges sur l’exécutif. Pourquoi donc le plus tribun des putschistes, polémiste et agitateur hors du commun, s’est subitement enveloppé dans le pelage d’agneau à une occasion qui lui aurait servi naguère encore de faire-valoir ? La réponse à cette question, selon toute vraisemblance, réside dans la situation peu confortable où s’est retrouvé le propriétaire de la Radio Kayira, depuis que l’appareil d’Etat leur a filé entre les doigts à lui et à ses amis de la junte.
Oumar Mariko aurait pu s’en sortir à meilleur compte, mais il semble malheureusement rattrapé par une gênante implication présumée dans la scandaleuse affaire d’assassinat d’un étudiant pendant la transition. Après avoir été l’objet d’une levée d’immunité parlementaire à la fin de précédente législature, il a quand même à décrocher un autre mandat dé député, qui devrait logiquement le mettre à l’abri de nouveaux ennuis judiciaires. Mais c’était sans compter avec la ténacité d’un certain Garde des Sceau Sidi Mohamed Bathily, lequel exécute à la lettre et avec zèle la fin de l’impunité proclamée par le chef de l’Etat.

Le Dr. Oumar Mariko est ainsi redevenu la cible de tracasseries judiciaires avec des interpellations périodiques devant les juges chargés de tirer au clair les circonstances d’un drame survenu courant la transition et d’élucider son degré d’implication dans l’affaire. Visiblement agacé par ce qu’il considère comme un harcèlement, il se serait finalement rabattu sur son parti pour protester auprès du président de l’Assemblée nationale par voie de missive.
Pour le Sadi, en effet, il est inadmissible qu’un élu parlementaire, surtout de la trempe du Dr. Oumar Mariko, soit trainer ainsi dans la boue de la justice au mépris des dispositions constitutionnelles sur l’immunité parlementaire. Pour les camarades de l’élu, en clair, les convocations récurrentes de leur secrétaire général constitue une violation flagrante de la loi fondamentale qui les députés à l’abri de toute poursuite judiciaire pendant l’exercice de leur mandat, saut en cas de leur mise à disposition de la justice par une levée de leur immunité. Et Oumar Mariko en a écopé certes, mais pour le mandat écoulée et non pour celui en cours.

Ce n’est pas ce qu’en pense le Ministre de la Justice dont les services, par voie de missive, ont également officiellement sollicité que l’Assemblée nationale autorise les auditions judiciaires du Secrétaire général du parti SADI.

Pour en avoir le cœur net, le président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé, a soumis la question à l »appréciation de la puissante majorité parlementaire à laquelle le groupe du Dr Oumar Mariko est apparenté. Il s’agit notamment du groupe parlementaire du Rassemblement Pour le Mali, qui n’a pas hésité à voler au secours du partenaire. Pas question de livrer le partenaire de circonstance à la justice, a-t-on décidé, tandis qu’il serait peut-être mieux indiquer de déclarer l’Assemblée incompétente pour connaitre de la question. Et pour cause, l’audition d’un député étant différente de sa poursuite, il est loisible à l’intéressé d’accepter ou non de se mettre à la disposition de la justice pour les besoins d’une enquête. Tout comme il est loisible au ministère public d’engager une procédure de levée de son immunité parlementaire s’il la juge indispensable à l’évolution du dossier, à la manifestation de la vérité.

Manifestement affligé par le cas Oumar Mariko, le Ministre Bathily va-t-il finalement opter pour cette ultime solution ? Quoi qu’il en soit, la démarche aurait peu de chance de prospérer car le RPM a déjà montré sa détermination à offrir assistance et protection à un partenaire capable de s’illustrer par des sorties vicieuses les plus inattendus et contre toute loyauté politique. En échange de quoi, le bouillant Secrétaire général du parti de Cheick Oumar Sissoko, au grand dam de son audience, renonce jusqu’à son habituel esprit critique, en plus de ses rencontres nocturnes et déclarations tonitruantes sur la radio Kayira.

Le deal tacite entre Oumar Mariko et le parti majoritaire pourrait avoir inclus également la survie de Sadi en tant qu’entité parlementaire, un parti menacé de disparition à l’hémicycle depuis l’annonce d’une fusion des députés Fare dans le groupe Rpm.

 

Autor: A. KEITA

Source/Fuente: http://maliactu.net/politique-et-justice-dr-oumar-mariko-sous-haute-assi...