Querelle autour du taux de participation à la présidentielle: Un gros challenge

Source: 
Le Calame
Publication date: 
Jun 04 2014

Le lancement de la campagne de la présidentielle du 21 juin approche. Et au lieu de se jouer entre le président sortant candidat à sa propre succession et les quatre challengers en lice, la compétition paraît plutôt se situer entre celui-là et le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU). Autour d’un seul enjeu : le taux de participation que l’opposition voudrait faible pour décrédibiliser le scrutin et que le pouvoir voudrait, à l’inverse, écrasant, pour signifier, à l’opinion internationale, que le boycott  auquel appelle l’opposition n’est que du « blabla ».

Pendant que le camp du candidat du pouvoir se consacre à son dispositif de campagne, le FNDU organise, depuis quelques jours, des meetings de sensibilisation à son boycott. Des rassemblements au cours desquels les responsables des partis politiques du forum décochent flèche sur flèche, en fustigeant le refus du pouvoir d’instaurer un climat de confiance et des garanties de transparence, pour le scrutin. Aussi invitent-ils leurs militants et sympathisants à, d’abord, venir nombreux à la « marche du défi» que le Forum va organiser le 4 juin, pour « peser sur le scrutin », et à rester chez eux, ensuite, le jour du scrutin.» Il s’agit de faire, du 21 juin, une « journée morte », sur toute l’étendue du territoire national. Pour les responsables du forum, le boycott actif doit se matérialiser, par un faible taux de participation, afin d’attirer l’attention des partenaires au développement. « En venant nombreux à la marche du 4 juin, vous enverrez un signal fort, au président-candidat et à la France, aux Nations-Unies, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, à l’Union Africaine et à nos voisins, en clamant que la majorité des Mauritaniens est opposée à son agenda », entend-on de la bouche de maints orateurs, dans les meetings. 

Un joli matelas de sous 

Certains espèrent un taux maximal de 25% qui obligerait le président-candidat à revoir sa position, vis-à-vis de l'opposition. Un gros challenge, cependant, pour le forum, dans la mesure où son discours ne touche pas, pour le moment du moins, l’ensemble des Mauritaniens, surtout ceux de l’intérieur, proie facile pour les soutiens politiques du pouvoir et l’administration territoriale. Les caravanes que le forum a prévues, à l’intérieur du pays, risquent fort de ne se mettre en branle que très tard. A Nouakchott, le message peut, certes, bien circuler dans l’opinion mais, à l’intérieur du pays, il peut être fort parasité par les contraintes locales précitées.

Du côté du pouvoir, les préparatifs vont bon train. Les agitations du FNDU ne semblent guère ébranler le candidat Aziz, parti s’occuper des questions « brûlantes » de son mandat à la tête de l’Union africaine. Le voilà à courir le continent, pendant que son opposition occupe le terrain de la capitale. Visiblement, le président-candidat ne se fait aucun souci pour sa réélection. C’est dire que ses quatre challengers lui paraissent plutôt des sparring-partners. En attendant le verdict du 21 juin, le directoire de campagne et ses démembrements de l’intérieur du pays, dévoilés il y a quelques jours, se seraient retirés à l’hôtel Mauri-Center dont les clefs des suites auraient été retirées des poches des femmes de chambre. Cet hôtel considéré, à tort ou à raison, à la botte du général Ould Abdel Aziz, au lendemain de sa prise du pouvoir, en août 2008, abrite-t-il son siège de campagne 2014 ?. Et même si rien ne filtre sur son budget de campagne, quelques indiscrétions avancent dix milliards d’ouguiyas. Un joli matelas pour se faire réélire, le 21 juin, sans coup férir. Face à des candidats qui peinent à lever des fonds pour seulement se déplacer, le calcul est vite fait.

Autor: Dalay Lam 

Source/Fuente: http://www.lecalame.info/actualites/item/2613-querelle-autour-du-taux-de...