Yorgui Teyrouz, l’engagement « sang compter »

Fuente: 
L'Orient Le Jour
Fecha de publicación: 
15 Mar 2018

Le benjamin de la liste de Li Baladi brigue le siège arménien-catholique à Beyrouth I.

Il est le benjamin de la liste de Li Baladi, et c’est fort d’un long parcours de citoyen engagé qu’il brigue aujourd’hui, à l’âge de 32 ans, le siège de député arménien-catholique à Beyrouth I. 
Yorgui Teyrouz, fondateur de l’ONG Donner sang compter, est pharmacien de formation. « Mon père est pharmacien, alors je suis né avec une seringue à la main », raconte-t-il en riant derrière sa barbe rousse. Ce métier, confie-t-il, l’a amené à être en contact avec les gens et lui a appris à être patient. 
Le jeune homme aux traits juvéniles a été membre des Scouts du Liban dès son plus jeune âge alors qu’il était encore étudiant au Collège Notre-Dame de Jamhour. « J’ai commencé à avoir des responsabilités dès 10 ans en étant chef d’une patrouille de dix personnes », confie-t-il. Il deviendra dix ans plus tard chef d’une troupe de plusieurs dizaines de scouts qu’il accompagnera dans leur formation afin qu’ils deviennent de bons citoyens au service de leur pays. 

« Aider quelqu’un qu’on ne connaît pas »
En 2006, un des scouts dont il est responsable était à la recherche de cinq unités de sang pour son grand-père. « Nous avions une liste de potentiels donneurs, membres du groupe scout », dit-il en tirant de son portefeuille cette liste plastifiée et usée par le temps. « Malheureusement, le grand-père est décédé avant que l’on puisse trouver suffisamment de sang, ajoute Yorgui Teyrouz. Je n’arrêtais pas de me demander : est-il possible qu’il y ait encore des gens qui meurent à cause d’un manque de sang ? » 
C’est ainsi que naît l’idée de créer une ONG pour le don de sang. Le jeune homme choisit de l’appeler Donner sang compter, en s’inspirant de la prière scoute « Seigneur Jésus, apprenez-moi à donner sans compter (…) » 

Ce qui a commencé par être une petite liste de quelques personnes puis une association qui fonctionne grâce à l’aide d’amis est devenu aujourd’hui un réseau de 18 000 donneurs de sang et une ONG lauréate de plusieurs prix. Donner sang compter a aujourd’hui un centre d’appel qui fait le lien entre les donneurs et les receveurs, effectue des collectes de sang dans toutes les régions libanaises et collabore avec 32 hôpitaux. « Nous avons constaté que le problème au Liban, c’est que la responsabilité de trouver du sang est entièrement jetée sur le patient en besoin et sa famille alors que c’est supposé être la responsabilité de l’État, explique Yorgui Teyrouz. Si, en 2012, 4 % des dons au Liban étaient des dons volontaires (et 94 % des dons de remplacement) aujourd’hui, en 2018, 11 % des dons sont volontaires. « Nous sommes arrivés à ce pourcentage grâce à toutes nos campagnes », dit-il, ses yeux couleur miel brillant de fierté.
Toujours en 2006, durant la guerre de juillet, le jeune militant opte pour le volontariat. « J’ai aidé l’opération 7e Jour de l’USJ, je me suis rendu dans les écoles qui abritaient des réfugiés et je les ai fait jouer, et je servais de chauffeur à mes amis qui souhaitaient faire des dons de sang, se rappelle-t-il. Il n’y a rien de plus beau qu’aider quelqu’un qu’on ne connaît pas. »

La santé en ligne de mire
C’est en 2013, lorsque le Parlement proroge son mandat une première fois, que Yorgui Teyrouz commence à s’intéresser de plus en plus à la politique libanaise. Il rejoint les manifestations contre la prorogation du mandat, celles pour une meilleure gestion de la crise des déchets et celles contre la privatisation de la plage de Kfaraabida. « Je suis devenu très actif dans tout ce qui concerne l’environnement », affirme-t-il.
Cet engagement et cette volonté de changer les choses l’ont poussé à rejoindre Beirut Madinati dans son combat acharné et remarqué lors des municipales de 2016 à Beyrouth. « Nous avons remporté 40 % des votes malgré le fait que tous les partis étaient unis contre nous », relève le jeune homme non sans fierté, un bracelet Li Baladi à un poignet et un chapelet à l’autre. Aujourd’hui, il continue ce combat aux côtés de Gilbert Doumit, Nayla Geagea, Laury Haytayan et les autres candidats de la liste Li Baladi. « Ce n’était pas une décision facile de se présenter aux législatives, dit-il. Je ne suis pas expert dans tous les domaines mais je sais que le pays manque de lois qui doivent être au service des citoyens et leur faciliter leur vie quotidienne. »

Yorgui Teyrouz indique néanmoins que s’il était élu, il axerait d’abord son travail sur la santé. « Le système de santé a besoin d’une réforme complète, nous avons besoin d’une loi sur le don du sang. De plus, le fonctionnement de la Sécurité sociale est inacceptable », dénonce le jeune pharmacien, sans toutefois se départir de son calme et de son sourire. 

Il ferait de l’environnement son second cheval de bataille. « Nous avons des usines de tri qui ne fonctionnent pas, ou du moins pas assez, dit-il. Les décharges et incinérateurs ne sont certainement pas la solution. » « Dans ce nouveau Parlement, les jeunes doivent être représentés, ajoute-t-il. Ce n’est pas un Parlement pour les 70 ans et plus. » 
« En 2009, j’ai voté blanc, confie Yorgui Teyrouz. Aucun candidat n’avait une vision, un programme au service des autres, et ce n’est pas ce que je veux. » « La nouvelle loi électorale nous donne une occasion sérieuse pour faire la différence, poursuit-il. Nous ne devons pas rater cette opportunité, nous devons voter en force parce que nous avons attendu trop longtemps. »

Nour BRAIDY 

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