Entamées depuis quelques jours, les opérations d'implantation de l'Union pour la République (UPR), principal parti de la majorité, suscitent une vague d'indignation au sein de l'opposition. Des collectes suspectes de pièces d'identité sont à l'origine des protestations.
Entreprises à l’orée d’échéances électorales cruciales en 2018 et 2019, les opérations d’implantation de l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité présidentielle, fondé dans la foulée du coup d’Etat du général Mohamed Ould Abdel Aziz, pour porter son élection à la présidence de la République le 18 juillet 2009, suscitent des torrents de commentaires et une vague de dénonciations par rapport aux méthodes utilisées.
Une lame de désapprobation de la part de plusieurs partis politiques, notamment dans les rangs de l’opposition. Premiers à monter au créneau, des organes de presse ont évoqué «des achats de pièces d’identité» de la part de responsables politiques et richissimes hommes d’affaires, désireux de montrer qu’ils disposent de militants et de moyens politiques pour constituer des comités de base et des sections.
Mais au-delà de la presse, les partis politiques de l’opposition issus à la fois de la mouvance dite «radicale» et «modérée» sont entrés dans la ronde des condamnations pour dire non au retour "des vieilles méthodes du puissant parti-état-le Parti républicain, démocratique et social (PRDS)", sous le magistère du président Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya.
Ainsi, le président du Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD-Tawassoul), mouvance islamiste modérée, Mohamed Mahmoudh Ould Seyid, a-t-il lancé un pressant appel aux citoyens «pour se dresser contre une campagne de falsification des adhésions à un parti politique, après la fraude opérée à l’occasion du référendum visant l’approbation des amendements constitutionnels organisé le 5 août 2017».
Pour sa part, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), a mis en garde «des personnes affiliées à l’Union pour la République (UPR), se faisant passer pour des représentants du RFD, afin de prendre leurs cartes d’identité, dans le but d’acheter leurs adhésions par la suite».
Dans ce chapelet d’indignations et de dénonciations, on note également cette déclaration de l’Alliance populaire progressiste (APP), opposition dite modérée, rendue publique samedi. Celle-ci constate que «depuis quelques semaines, Nouakchott est le théâtre d’intenses activités dont les auteurs sont engagés dans une entreprise de collectes de cartes d’identité, qui ne semble pas épargner les villes de l’intérieur. Ce phénomène qui s’amplifie et se répand, visant particulièrement les citoyens issus de milieux défavorisés et de surcroît les moins instruits».
Pour l’APP, «la mobilisation de tant de monde, de promesses et de moyens, en faveur d’une campagne anticipée, témoigne malheureusement de la persistance d’anciennes pratiques auxquelles on nous a habitués jusqu’aux dernières élections. Des pratiques qui découlent d’une volonté manifeste de contrôler et d’orienter le choix des électeurs à travers la mainmise des autorités sur les listes électorales».
Cette formation interpelle l’Etat, l’UPR et exige l’arrêt d’une opération «frauduleuse et ignominieuse». La Mauritanie va vers un agenda électoral chargé avec des législatives, des régionales, des municipales en 2018 et une présidentielle en 2019.
Cheikh Sidya