La condamnation de Karim Tabbou: les reactions

Source: 
TSA
Publication date: 
Mar 26 2020

La condamnation de Karim Tabbou à une année de prison ferme malgré le malaise qu’il a eu au cours de l’audience, ce mardi, suscite des réactions d’indignation et de dénonciation.

Le RCD parle de « dérive effroyable » et de « fait plus que gravissime », tandis que Jil Jadid juge le verdict « choquant » et « ni compréhensible dans le fond ni acceptable dans la forme 

Devant sortir ce jeudi 26 mars de prison après avoir purgé la peine de six mois ferme qui lui a été infligée le 4 mars par le tribunal de Sidi M’hamed, Tabbou a été jugé en appel ce mardi 24 mars sans que ses avocats n’en soient informés, selon ces derniers.

Le procès s’est tenu malgré le malaise qu’a eu le militant politique et qui a nécessité son acheminement vers la clinique de la Cour d’Alger.

Le RCD condamne « avec force une dérive effroyable et inédite d’un système pourtant déjà largement condamné par l’histoire. Il exige que les auteurs de ce crime contre le peuple et l’Algérie soient poursuivis » et « appelle plus que jamais à une mobilisation générale des citoyennes et citoyens soucieux du devenir national et de l’instauration de l’état de droit dans notre pays ».

Jil Jadid estime pour sa part que « a nouvelle condamnation de Karim Tabou par le tribunal en appel n’est ni compréhensible dans le fond ni acceptable dans la forme ».

 « Le verdict qui aggrave celui de première instance est d’autant plus choquant que les enfants, la famille et les proches de Karim Tabou s’apprêtaient à le retrouver libre dans les heures qui suivent », regrette le parti.

« Au moment où le pays avait besoin de retrouver sa sérénité, d’unir ses forces pour lutter contre l’épidémie et surtout de tourner la page de l’arbitraire pour construire enfin un État de droit, cette décision du tribunal et la manière avec laquelle elle a été prise est tout simplement une provocation. Cette façon de faire n’aide pas à créer un climat de confiance dans le pays et à renouer avec une action politique saine et transparente. Cela va, à l’évidence, à l’encontre de la promesse du dialogue et de l’apaisement », estime Jil Djadid qui appelle « es autorités supérieures du pays » à « intervenir au plus vite et ramener de la sérénité aux citoyens et de la miséricorde dans les cœurs ».

 Pour la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (LADDH), la condamnation en appel de Karim Tabbou « est un précédent grave, qui s’ajoute à tous les dysfonctionnements et égarements du système judiciaire algérien » et évoque un « entêtement » qui « est à la limite de l’acharnement contre le prévenu et une provocation manifeste contre le Hirak pacifique et patriotique (…) Finalement tout le procès en deuxième instance est programmé pour l’empêcher de quitter la prison même après avoir purgé six mois », dénonce la LADDH.

De son côté, Hakim Belahcel, premier secrétaire national du FFS, estime que « l’appareil judiciaire algérien vient de franchir aujourd’hui, un palier dangereux et inédit ».

 « Le FFS tient à dénoncer avec une extrême virulence ce grave dérapage judiciaire et exige l’annulation immédiate de ce jugement expéditif et sans fondement. Aussi, le Front des forces socialistes exige que toute la lumière soit faite sur les dessous de cette nouvelle affaire et surtout sur l’état de santé de la victime de l’arbitraire et de l’acharnement judiciaire, Karim Tabbou », ajoute le communiqué.

Amnesty International, par la voix de sa directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Heba Morayef, a également réagi.

« La décision de justice rendue aujourd’hui envoie un message effrayant aux manifestants, y compris aux militants politiques et autres militants de la société civile ; toute personne qui ose s’opposer ou critiquer le gouvernement sera punie », affirme-t-elle.

Amnesty estime que « les autorités algériennes doivent immédiatement annuler la condamnation de Karim Tabbou et abandonner toutes les charges retenues contre lui ».

Dans un communiqué, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) « dénonce avec une extrême vigueur ce procès inique et appelle à la libération de tous les défenseurs des droits humains arbitrairement détenus ».

 « Les évènements qui se sont produits aujourd’hui à la Cour de Ruisseau à Alger sont en contradiction totale avec les droits humains les plus élémentaires, et mettent en lumière des dysfonctionnements graves ainsi que l’arbitraire de la justice algérienne », a commenté Alice Mogwe, présidente de la FIDH.

« La crise sanitaire qui touche actuellement l’ensemble des continents devrait plus que jamais inciter les États à libérer tous les défenseurs arbitrairement détenus, et non à les emprisonner », a-t-elle poursuivi