Le pouvoir tiendra-t-il ses promesses électorales ?

Source: 
El Watan
Publication date: 
Apr 20 2014

Renouveau politique ou simples réformettes ? Instauration d’une vraie démocratie ou autre vaudeville ? Après les promesses électorales et un quatrième mandat très controversé, les tenants du pouvoir seront à nouveau attendus au tournant. Ils ont défini leurs priorités.

Et leurs concrétisations seront épiées par tous les Algériens, y compris la majorité qui rejette le système et qui l’a fait savoir lors de la dernière élection présidentielle en boudant les urnes ou en votant pour les concurrents de Abdelaziz Bouteflika. Et la première des priorités est la révision constitutionnelle qui devrait être programmée avant la fin de l’année en cours. Celle-ci, affirmait l’émissaire en chef du président-candidat lors de la campagne électorale, «devrait mettre le pays sur les rails de la démocratie». Ce dernier promettait, en effet, de «révolutionner» le système algérien.

Reste à savoir si le régime tiendra ses promesses. La question mérite d’être posée aujourd’hui, d’autant que ce même pouvoir est déjà habitué, pour se maintenir, à prendre des engagements sans lendemain. Avril 2011 n’est pas si loin. En pleins événements ayant secoué des pays arabes et suite aux émeutes du mois de janvier de la même année, le président Bouteflika annonçait, dans un discours à la nation, la décision d’engager «des réformes politiques». Il mit en place une commission chargée de mener les consultations avec les partis politiques et les différentes organisations, en vue d’élaborer les nouveaux textes régissant la vie politique dans le pays. Le résultat obtenu, après une année de procédures, n’était pas à la hauteur des attentes. Les textes de loi produits et votés par le Parlement ont signé, de l’avis de plusieurs formations politiques, une régression par rapport aux acquis consacrés par les Constitutions de 1989 et de 1996.

Quelle recette pour le redressement économique ?

Ayant promis plus de libertés aux partis, c’est toujours la fermeture du champ politique qui en a résulté. Certes, des dizaines de courtisans et la clientèle du régime ont réussi à lancer leurs propres partis et leurs groupes de médias, mais la voix de l’opposition a été davantage étouffée. Son accès aux médias publics est toujours limité aux périodes électorales et ses activités sont conditionnées par une autorisation de l’administration. Le pouvoir mettra-t-il un terme à ses pratiques visant à empêcher la constitution d’une classe politique forte, d’une vraie société civile et d’une presse professionnelle ?

Les interrogations ne concernent pas seulement le volet politique. Le régime de Abdelaziz Bouteflika sera également attendu sur le front social, où il y a déjà une première urgence : le conflit intercommunautaire qui secoue la wilaya de Ghardaïa. Lors de sa tournée électorale dans cette localité, le directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika avait promis d’y revenir et d’y rester jusqu’à la résolution du conflit. Va-t-il reproduire les mêmes kermesses qui ont prouvé leur inutilité ? A ce problème s’ajoute le chômage des jeunes, notamment dans le sud du pays, que Abdelmalek Sellal avait promis d’endiguer avec les vieux mécanismes de l’Ansej, de la CNAC et de l’Angem qui se sont avérés budgétivores et inefficaces. Faute de nouvelles recettes, il s’est engagé à injecter encore de l’argent dans ces dispositifs sans se donner le temps de les évaluer.

Mais pour avoir les ressources financières – à peine suffisantes actuellement pour les importations – le nouveau gouvernement doit d’abord se débarrasser de la dépendance de l’économie nationale des hydrocarbures. Point de projet dans ce sens pour le moment. Abdelmalek Sellal cite, pour défendre la politique de son candidat, le pacte conclu avec des opérateurs économiques. Seulement, ce dernier rappelle à l’opinion un autre accord conclu par Ahmed Ouyahia avec l’UGTA et le patronat qui n’a abouti, finalement, à aucun résultat. En outre, un redressement de l’économie devrait passer par une véritable lutte contre la corruption à grande échelle qui engloutit une partie importante des ressources financières du pays…

 

Autor: Madjid Makedhi

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/le-pouvoir-tiendra-t-il-ses-promesses-e...