Pouvoir-société civile, le face-à-face

Source: 
El Watan
Publication date: 
Apr 27 2014

La société civile est en ébullition. A peine une semaine après les résultats décevants du 17 avril, le décor d’un face-à-face annoncé entre pouvoir et société civile se met en place. Et pour cause.

Outre les initiatives politiques, le branle-bas de combat semble gagner, ces jours-ci, les ONG et autres mouvements citoyens ainsi que les syndicats autonomes, qui visent à se donner les meilleurs moyens de porter haut leurs revendications face au pouvoir du statu quo. Les actions se multiplient et les réunions foisonnent en ces temps où l’incertitude de lendemains politiquement cléments se fait jour.
Les syndicats se concertent et s’organisent pour faire cesser les intimidations.
Leur détermination à défendre les libertés syndicales n’est pas entamée, comme le montre la rencontre du Snapap, hier à Alger.

A Tizi Ouzou, les étudiants ainsi que d’autres mouvements feront une marche, aujourd’hui, pour se dresser contre la répression. A Oran, l’association Femmes algériennes revendiquant leurs droits (FARD) n’abdique pas face à la campagne qui cible la vaillante universitaire Fatma Boufenik. Partout dans le pays, des poches de résistance bouillonnent. Une anticipation ? Sont-elles sur la défensive à raison ? En tout cas, le terrain politique s’agite à un rythme accéléré.

Elaborer une plateforme politique pour sortir de la crise

Des partis politiques soutenus par des personnalités nationales, qui semblent tirer les leçons du passé, sont en passe de réussir une jonction et des alliances en vue d’inverser le rapport de forces politiques. Le front du boycott, qui s’est mu en Coordination pour la transition démocratique, a fini par rallier l’option de transition démocratique longtemps défendue par l’opposition radicale et d’autres personnalités politiques. De sérieuses tractations sont engagées à l’effet d’élaborer une plateforme politique de sortie de la crise qui plombe le pays que la présidentielle n’a finalement pas résolue. Une conférence nationale ou une sorte de congrès national de l’opposition capables d’amener le pouvoir à accepter un dialogue pour éviter au pays un effondrement sur fond de perspectives économiques des plus sombres.

En fait, tout se passe comme si une espèce d’insurrection citoyenne se préparait pour défendre la moindre parcelle de liberté menacée par un pouvoir qui ne rate aucune occasion de montrer son arrogance, pendant et après l’élection présidentielle. Le comportement des forces de police qui ont violemment empêché la traditionnelle marche du 20 Avril – qui est loin d’être un fait isolé – est perçu comme un signal contre les pourfendeurs du régime de Bouteflika. Après le chantage à la peur, le règne par la terreur ? Il faut rappeler que durant la campagne électorale, les tenants du statu quo ont fait usage d’un discours violent faisant planer sur le pays un climat de guerre civile. Pendant les houleuses journées de campagne, des torrents de violence politique ont étouffé toute tentative d’installer un sérieux débat national sur des questions centrales.

La société civile en mouvement

Des animateurs de la société civile, des personnalités politiques, des syndicalistes, des candidats à la présidentielle et des partis politiques sont voués aux gémonies.Une campagne de diabolisation était lancée impunément contre des militants associatifs, des universitaires et tout particulièrement les animateurs du mouvement Barakat. En somme, le pouvoir n’a pas lésiné sur les moyens pour envoyer des messages menaçants à l’adresse de cette société civile en mouvement. Un militant du Rassemblement jeunesse action (RAJ), Mohamed Kadi, étudiant de 23 ans, est toujours en détention provisoire, en compagnie d’un jeune Tunisien, Moez Bennecir, assistant-éditeur âgé de 25 ans, en situation régulière en Algérie, accusés d’«attroupement non armé» qui a pour but de toucher à l’ordre public.

Les tenants de l’ordre établi semblent avoir arrêté le choix de la répression comme option politique. La tentation de maintenir le pays dans un vide politique périlleux est manifeste. La chape de plomb risque de s’abattre sur le pays. L’opposition politique, tout comme les organisations de la société civile, mis dos au mur, ne comptent pas se laisser faire.

 

Autor: Hacen Ouali

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/pouvoir-societe-civile-le-face-a-face-2...