A peine intronisé à la tête de l’Etat pour un quatrième mandat, le président de la République commence à s’emmêler les pinceaux.
Les hommes de son cercle, qui se comptent désormais sur les doigts d’une seule main, ont promis, le temps d’une campagne, un avenir radieux à une Algérie qui avance à reculons. Mais les lendemains de l’élection vont faire revenir tout le monde sur terre. A commencer par ces promesses, sans doute trop fantaisistes, qui devront se frotter à une réalité sociale beaucoup plus amère.
En renouvelant sa confiance à Abdelmalek Sellal, Abdelaziz Bouteflika donne à l’opinion publique nationale un signal très fort : il n’y aura rien de nouveau sous le soleil. «Il faut comprendre que Bouteflika n’a plus rien à vendre. Pis, le système est en train de recycler ses élites à défaut d’en créer de nouvelles», analyse un ancien ministre, au fait des bruits de sérail. Notre interlocuteur estime que «le gouvernement, quelle que soit sa composante, sera confronté à l’impossibilité de tenir ses promesses à moyen terme».
Mais il n’y a pas que cela. Abdelaziz Bouteflika va «revenir à la Constitution de 1996, violée en 2008. Autre chose, il ne pourra tenir aucun de ses autres engagements», explique encore l’ancien ministre. La révision de la Constitution sera la «réforme» phare du mandat qui commence. L’idée est vite reprise par Abdelmalek Sellal quelques instants après son retour officiel aux affaires. Le Premier ministre, dont la composante du gouvernement ne va pas être profondément chamboulée, promet une «consultation large» avec les partis politiques.
Révision de la constitution : l’éternel brouillon
Mais est-ce vraiment la priorité de Bouteflika ? «Non !», répond un spécialiste des arcanes du pouvoir. Pour l’universitaire, «le seul souci de Bouteflika est de pérenniser le système». Pis, notre interlocuteur estime que «le gouvernement et le choix des hommes ne sont que pure forme dans la culture politique de Abdelaziz Bouteflika. Ce qui intéresse Bouteflika, c’est de rester le plus longtemps possible au pouvoir. Il a réussi à acheter tout le monde et à berner les Occidentaux. Mais il y a une donne qu’il ne maîtrise pas : la biologie. Donc, il va tout faire pour transmettre lui-même le pouvoir et je n’exclus pas qu’il ait recours à son frère pour lui succéder», indique l’universitaire.
Pour nombre d’observateurs, l’avenir immédiat du pouvoir «bouteflékien» ne va pas trop changer. Selon le politologue Rachid Grim, le chef de l’Etat va continuer à gérer par procuration. La période sera caractérisée par «une gestion par procuration, par un Premier ministre omniprésent et un gouvernement qui continuera à s’agiter en faisant des promesses qu’il ne tiendra pas ; ou si peu», a déclaré le politologue lors d’une récente interview accordée à El Watan. La nomination de Sellal et le rappel de Ouyahia et Belkhadem sont «une preuve que le système est à bout de souffle, incapable de se renouveler».
Pour tenter de donner un gage de bonnes intentions, le chef de l’Etat a chargé son Premier ministre de mener de nouvelles consultations en vue d’élaborer une nouvelle Constitution. Selon Hocine Khaldoune, ancien président de la commission juridique de l’APN, qui s’est exprimé sur le journal électronique Alhadath-dz, Abdelaziz Bouteflika «a abandonné les deux moutures» de la Constitution présentées conjointement par Abdelkader Bensalah et la commission des juges que préside Kerdoune. L’homme veut «une Constitution consensuelle» qui ne soit pas uniquement l’expression de sa seule volonté. Parviendra-t-il ? Sera-t-il en mesure de mener les réformes engagées ?
Les images montrées lors de la cérémonie de prestation de serment démontrent en tout cas que le chef de l’Etat, incapable d’aller au bout de son discours, est dans une situation physique délicate. Une situation qui compromet sérieusement le sort des réformes promises. Si tant est que l’intention de les mener soit réelle.
Autor: Ali Boukhlef
Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/bouteflika-mise-sur-le-meme-personnel-p...
