Quel programme pour le nouveau gouvernement ?

Source: 
El Watan
Publication date: 
May 07 2014

Quelle sera la feuille de route du nouveau gouvernement ? Sur quel programme va-t-il, concrètement, travailler ? Quel projet va-t-il s’évertuer à «vendre» aux Algériens ?

Le très diminué président parviendra-t-il à réaliser, au cours de ce quinquennat, en termes de réformes politiques et sociétales, ce qu’il n’a pas fait en 15 ans ? Quelle sera la marge de manœuvre des nouvelles recrues de l’Exécutif ?
Si l’on s’en tient au programme présidentiel décliné lors de la dernière campagne, force est de constater qu’il n’y a pas, à bien y regarder, d’idée originale qui en jaillit, la campagne menée par procuration ayant été essentiellement centrée sur le thème de la «stabilité».
Par glissement sémantique, cela nous conduit fatalement à une forme de statu quo n’autorisant aucun «risque». Au demeurant, au bout de trois mandats, difficile d’attendre autre chose de l’Exécutif que la reconduction des mêmes politiques, avec très peu de variations sur le management.

Que peut-on raisonnablement espérer du quinquennat qui vient d’être étrenné qui n’ait déjà été tenté ? Ce seront, en gros, les mêmes promesses et les mêmes chantiers : toujours plus d’AADL, plus d’Ansej, plus de dépenses publiques, plus d’infrastructures au coût prohibitif. Sur le plan économique, l’ambition affichée est d’assurer une croissance annuelle de 7%. Un chiffre flatteur quand on connaît les limites du secteur hors hydrocarbures et sa maigre contribution au PIB.Au final, le programme de Bouteflika 4 se réduit à dépenser toujours plus d’argent pour acheter la paix sociale et garantir cette fameuse «stabilité» qui hante nos apparatchiks.

Un secrétariat pour expédier les affaires courantes

Dans une contribution parue dans El Watan de ce lundi sous le titre «Des années de disette à l’horizon», Ahmed Benbitour écrit : «On peut s’attendre à une importante augmentation des dépenses budgétaires en 2014 pour les besoins de vendre les résultats de l’élection présidentielle d’avril. Dans ce cas et pour maintenir les équilibres budgétaires, il faudrait un prix de baril utopique de 190 dollars en 2016 !»
De fait, le régime a parfaitement conscience qu’à la différence des trois précédents mandats de Bouteflika, cette fois, «l’onction populaire» n’a pas vraiment été au rendez-vous et qu’il se doit de dépenser davantage pour gagner la sympathie des 49% de l’électorat qui ne lui ont pas accordé leur bénédiction.

Tout cela pour dire que la mission première de la nouvelle équipe de Sellal est de calmer les mécontents et d’œuvrer à construire un nouveau consensus après la violente crise au sommet qui a précédé l’élection du 17 avril.  En attendant ce nouvel arrangement dans la répartition des «quotas» entre les clientèles et les parentèles du pouvoir ainsi que les forces politiques et sociales qui ont apporté leur soutien au 4e mandat, il fallait un gouvernement «neutre», incolore et inodore politiquement. Sur des secteurs précis, à forts enjeux «sociétaux» tels que l’éducation nationale ou la culture, le choix a été porté sur des figures estampillées «société civile». Mesdames Nouria Benghebrit et Nadia Cherabi auront-elles les coudées franches ?

C’est tout le mal que nous leur souhaitons. L’expérience d’une Khalida Toumi devenue plus «bouteflikiste» que Bouteflika nous laisse toutefois perplexes quant au pouvoir de ces honorables dames d’imprimer leur empreinte sur leurs secteurs respectifs. Le risque, et cela vaut pour l’ensemble des ministres, est de se retrouver à «faire du secrétariat» et gérer les affaires courantes en l’absence d’une vision claire et d’un vrai projet de société.

Dans une vraie démocratie, un président ayant reçu un quitus du peuple à concurrence de 81% a de facto les pleins pouvoirs et formerait un gouvernement issu directement de sa famille politique. Un gouvernement appelé à appliquer à la lettre le programme pour lequel il a été élu. Ce n’est pas le cas chez nous, où le régime est le premier à connaître le caractère douteux du verdict des urnes.
Le fait de ne pas pouvoir compter sur l’opposition pour mener à bien ce «mandat de transition» et apporter sa caution à la prochaine Constitution fragilise encore davantage le régime. Une chose est certaine : c’est le mandat de la «dernière chance» pour le président malade pour propulser l’Algérie au rang des pays émergents. Un pari qui semble d’emblée mal engagé…

 

Autor: M. B.

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/quel-programme-pour-le-nouveau-gouverne...