Plaidoyer pour la construction d’une grande force démocratique

Source: 
El Watan
Publication date: 
May 11 2014

Les prochaines réunions sont prévues à Béjaïa, Tizi Ouzou, Oum El Bouaghi et dans le sud du pays.

L’idée de renforcer l’Espace citoyen, lancée par des militants de la société civile, a drainé beaucoup de militants, hier, lors d’une réunion tenue à Oran. Le siège commun du Snapap et de la LADDH était plein de militants démocrates qui ont formellement décidé de s’organiser pour renforcer cette initiative, définie comme étant «ouverte à tous les citoyens qui se sentent concernés par les valeurs et les combats démocratiques». «C’est une occasion historique d’impliquer réellement les Algériens dans la définition d’un dénominateur commun s’articulant autour de trois principes fondamentaux : l’accès aux libertés individuelle et collective, la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et la nécessité de confier l’organisation des prochaines élections à une commission indépendante en lieu et place de l’administration», ont tenu d’emblée les organisateurs à cadrer le débat.

Outre les représentants du syndicat autonome des étudiants et du Mouvement Barakat, il y avait surtout des militants de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) et ceux du Snapap venus en force de Tiaret, Mascara, Tlemcen, Maghnia, Mostaganem, Sidi Bel Abbès, Relizane, Laghouat et d’autres villes. Tour à tour, ces militants ont souligné «la nécessité de construire une force politique – mais pas partisane – capable d’impulser les réponses politiques indispensables aux crises qui bouleversent les équilibres de notre société depuis plus d’un demi-siècle». «Non au renoncement, non à la démission, non au fatalisme. Oui aux libertés, toutes les libertés», lance un représentant du Syndicat autonome des étudiants.

A l’issue de cette réunion, les présents ont créé une cellule régionale de coordination et d’information à l’Ouest afin de «mobiliser et rassembler les citoyens autour de ce combat démocratique».
Les prochaines réunions sont prévues à Béjaïa, Tizi Ouzou, Oum El Bouaghi et dans le sud du pays. «Il est nécessaire de construire par la mobilisation un contre-pouvoir constitué par une union de syndicats, de forces politiques, d’associations et de réseaux citoyens. C’est dans la vitalité du mouvement démocratique que nous trouverons les ressources pour combattre la résurgence du côté obscur», explique maître Debbouz de la LADDH.

Pour cet avocat, militant des droits humains, «la Constitution actuelle est bourrée de slogans, mais elle ne contient aucun chapitre garantissant l’application de ces mêmes slogans.» «Nous ne voulons pas le pouvoir mais nous voulons simplement que nos idées prennent le pouvoir», précise-il. Un citoyen ayant pris la parole s’est dit «fier que cet espace soit investi de la délicate mission d’incarner les valeurs de liberté et de justice et de porter ces idéaux au cœur du débat démocratique».

Les militants présents dans la salle ont lancé un appel aux partis politiques de «dépasser leur clivages idéologiques et de se rassembler autour de l’essentiel : pouvoir exercer la politique en toute liberté dans son pays». «Dès lors qu’on est d’accord avec les trois principes fondamentaux, tout le monde sera le bienvenu dans cet espace, y compris les islamistes», affirme un militant des droits de l’homme de Mascara. «Il faut une synergie de toutes les forces qui sachent transcender les réflexes acquis de nos cultures politiques nationales pour retrouver ce qui nous rassemble», ajoute-t-il. «La seule action qui compte, c’est celle qui renoue avec l’espérance.

Le pays est au bord de l’effondrement alors que le chômage augmente, que les finances publiques sont sous pression croissante et qu’un sentiment accru de désespoir et de peur du lendemain envahit une majorité des citoyens», lance un ingénieur agronome, présent à cette réunion comme simple citoyen. «L’engagement de la transition démocratique et la défense intransigeante des libertés individuelles et collectives sont des chantiers prioritaires pour la reconquête de la souveraineté des citoyens», indique un syndicaliste du Snapap. «Le cirque des élections et des dialogues factices menés par un pouvoir prisonnier de ses myopies ne nous nourrit plus d’illusions. Ce système dans lequel s’agite le pouvoir n’est que la mise en scène face aux crises cumulées», estime un autre intervenant.

«Il est urgent de remettre l’intérêt général au cœur de l’action militante. On peut choisir de conserver un modèle essoufflé, fondé sur la corruption. Cependant, notre responsabilité à nous est de construire une alternative en rupture avec les choix du passé», poursuit-il. «Nul parti politique, nulle organisation, nul syndicat n’a les moyens d’y répondre seul», affirme Kaddour Chouicha de la LADDH et responsable du Syndicat des enseignants du supérieur, qui appelle à redonner à la politique ses lettres de noblesse. «Non à la politique de marchandages de quotas de postes», dit-il encore. Et de conclure : «Voilà l’esprit du projet qui anime cet Espace citoyen. Un espace qui n’est qu’un jalon modeste sur le chemin de la démocratie algérienne. Mais les longues marches commencent toujours par un premier pas.»
 

 

Autor: Cherif Lahdiri

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/plaidoyer-pour-la-construction-d-une-gr...