Le ministre de la Défense Soumeylou Boubeye Maïga démissionne

Source: 
Maliactu
Publication date: 
May 28 2014

Le flash spécial de la télévision nationale ne fait pas cas de la démission du ministre de la Défense, Soumeylou Boubeye Maïga. Le ministre secrétaire général de la présidence, Toumani Djimé Diallo se contente de lire le décret apportant un changement au poste de ministère de la Défense et des Anciens Combattants, où Bâ Daou remplace Soumeylou Boubeye Maïga.

 Depuis le 22 mai 2014, lendemain de la débâcle de l’armée à Kidal, c’est une confusion totale qui est entretenue au sommet de l’Etat, quant à la responsabilité de l’engagement des Forces armées et de sécurité (Fama) dans la guerre contre les groupes armés du MNLA, HCUA et MAA. On savait la situation tendue à la présidence et au gouvernement, jusqu’à cette démission du ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Soumeylou Boubeye Maïga, ce mardi 27 mai. Pour autant, cette démission suffit-elle pour résorber la crise, quand on sait que c’est plutôt le Premier ministre Moussa Mara, qui en se rendant à Kidal sans en mesurer les conséquences, en déclarant la République du Mali en guerre lorsqu’il a été accueilli avec des rafales, et en acheminant les renforts à Kidal pour apporter la riposte, qui est le vrai présumé responsable de l’engagement des Fama dans la guerre ? Mais au lieu d’assumer ses responsabilités quel qu’en soit le prix, face au bilan trop lourd de sa témérité (une cinquantaine de victimes dans les rangs de l’armée malienne, autant de blessés, des engins et des véhicules pris par les groupes armés), le Premier ministre Moussa Mara a préféré se voiler la face et faire volte-face, en soutenant que «L’attaque lancée par l’armée malienne n’est pas venue de l’autorité politique». Soit un « un virage à 180° du Premier ministre dans son discours sur la situation à Kidal », comme l’a commenté notre confrère l’Indépendant. A côté de cette déclaration qui a été perçue par l’opinion comme un refus du Premier ministre d’assumer son acte, une fuite de ses responsabilités, tout le monde l’ayant entendu déclarer dans la presse internationale, que le Mali était en guerre contre les groupes armés : « Les terroristes ont déclaré la guerre au Mali, le Mali est donc en guerre contre ces terroristes », avait dit le Premier ministre Moussa Mara à Gao, dernière étape de sa visite dans le nord du Mali, le dimanche, 18 mai 2014.

Le vendredi, sur RFI, le ministre de la Communication Mahamadou Camara déclarait de son côté que la décision n’émanait absolument pas du président IBK, d’engager l’armée dans la guerre à Kidal. IBK et son Premier ministre ont donc rejeté toute responsabilité dans cette crise née de la visite de Moussa Mara à Kidal. Le ping-pong, a duré depuis le 22 mai où personne au sommet n’a voulu s’assumer. On a compris que le niveau politique travaillait à rejeter la responsabilité sur l’armée. Soumeylou Boubeye Maïga démissionnaire, a été remplacé par Bâ Daou, qui assume désormais les charges de ministre de la Défense et des Anciens Combattants.

Boukary Daou

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Qui est le ministre démissionnaire, Soumeylou Boubeye Maïga ?

Soumeylou Boubèye Maïga a fait des études de journalisme au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar au Sénégal, ainsi qu’enFrance où il obtient un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) de diplomatie et administration des organisations internationales en 1987 à l’université de Paris-Sud et un diplôme de relations économiques internationales à l’Institut d’administration de Paris. Il exerce le métier de journaliste d’abord à L’Essor, quotidien d’État, puis au journal Sunjata.

Militant au sein du Parti malien du travail, il a été l’un des principaux artisans de la chute du régime de Moussa Traoré en 1991. Il entre au cabinet d’Amadou Toumani Touré, alors président du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), en qualité de conseiller spécial d’avril 1991 à juin 1992.

Vice-président et membre fondateur de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA/PASJ), il devient en 1992 chef de cabinet du président de la République Alpha Oumar Konaré.

En janvier 1993, il a été nommé directeur général de la DGSE Sécurité d’État période pendant laquelle il a empêché plusieurs coups d’État avant d’entrer au gouvernement de Mandé Sidibé en tant que ministre des Forces armées et des Anciens Combattants.

En 2002, Soumeylou Boubèye Maïga est candidat à la candidature de l’Adéma/Pasj pour l’élection présidentielle de 2002 qui choisit Soumaïla Cissé.

En 2006, alors que l’Adéma décide de soutenir la candidature probable du président sortant Amadou Toumani Touré à l’élection présidentielle malienne de 2007, Soumeylou Boubèye Maïga annonce son souhait de se présenter et fonde l’association « Convergence 2007 »[].

Lors de la conférence nationale des 24 et 25 février 2007 de l’Adéma, les délégués ont voté l’exclusion de Soumeylou Boubèye Maïga et de plusieurs de ses sympathisants : Issa Diarra, Ibrahima Kantao, Binta Yattassaye et Oumar Ag El Méhidi.

Au premier tour de l’élection présidentielle, le 29 avril, il arrive en 6e position. Le président sortantAmadou Toumani Touré est réélu.

Avec les autres candidats de l’opposition regroupés au sein du Front pour la démocratie et la république (FDR), Ibrahim Boubacar Keïta, Mamadou Bakary Sangaré et Tiébilé Dramé, il conteste les résultats d’un scrutin entaché de fraudes et dépose un recours devant la Cour constitutionnellequi le rejette le 12 mai 2007

Le 6 avril 2011 Soumeylou Boubèye Maïga est nommé ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans le gouvernement de Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. Il réussit la prouesse de mobiliser 1800 milliards de Franc Cfa à titre d’aide pour le Mali en moins d’un an.

 

Le 8 septembre 2013 Soumeylou Boubèye Maïga est nommé ministre de la Défense et des Anciens combattants dans le gouvernement de Oumar Tatam Ly. Poste auquel il a été reconduit dans le gouvernement de Moussa Mara, du 12 avril 2014.

 

Source/Fuente: http://maliactu.net/apres-le-rejet-de-la-responsabilite-par-le-gouvernem...