Constamment sur la brèche, Louisa Hanoune, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), était à Annaba hier. Elle a animé un meeting populaire précisément au Théâtre régional Azzedine-Medjoubi où elle avait fait l’objet d’une virulente attaque par Amar Saâdani du FLN, un certain 24 février 2015.
Brassant large dans un auditoire où même des cadres et des militants du FLN étaient présents, encore une fois, elle n’a pas mâché ses mots pour condamner l’incompétence des dirigeants politiques dans la gestion des affaires nationales. Elle a cité de nombreux dysfonctionnements qui les caractérisent quotidiennement dans tous les domaines politique, économique et social.
Appelant à une révision en profondeur de la Constitution conformément aux règles de la démocratie, Louisa Hanoune a souligné l’absence de l’Etat de droit tout au long de ces dernières années.
«Comme les dirigeants avec la complicité de la mafia piétinent nos lois, il est normal de relever la récurrence des violations de ces mêmes lois par les citoyens. C’est l’oligarchie qui a pris le contrôle de la gestion du pays», s’est insurgée la numéro 1 du PT. Elle a ajouté que l’espoir et la confiance que le président de la République a tenté de restaurer tout au long de ses trois précédentes investitures sont sapés par l’incompétence de ceux qui l’entourent uniquement intéressés par l’enrichissement. Elle a, par ailleurs, estimé être davantage choquée par la présence dans le milieu de la politique nationale de certains, dont elle s’est gardée de citer les noms, qui veulent instituer l’oligarchie en règle de gestion générale du pays.
En se référant à différentes et récentes déclarations, elle a estimé que les tenants de l’oligarchie adoptent le comportement d’une garde prétorienne favorisant la dictature.
«Il n’y a pas d’autorité. C’est la vacance du pouvoir. Annaba est un exemple vivant de l’anarchie totale qui règne dans le pays. Cette ville est sur un volcan du fait des prédateurs qui l’ont dépouillée de son foncier, mais pas seulement. Ils veulent même s’approprier son âme. Tous les ingrédients d’une explosion sont réunis dans le pays», a affirmé Louisa Hanoune.
La première femme du Parti des travailleurs s’est longuement attardée sur la position de l’Algérie dans différents conflits. A l’exemple de celui du Yémen. «La Ligue arabe menée par l’Arabie Saoudite et l’Égyptien Sissi ainsi que d’autres pays membres se sont mis à genoux devant les Etats-Unis et Israël déterminés à les coloniser pour les transformer en bases. C’est ce que tente de faire la CIA au Venezuela. Ils n’y arriveront pas car la volonté des peuples est plus forte. Aujourd’hui ils en ont contre les Houtistes du Yémen dont le seul tort est de défendre leur pays», a-t-elle martelé.
Revenant sur l’actualité nationale, la patronne du Parti des travailleurs a estimé nécessaire une révision en profondeur de la Constitution par voie de référendum. «L’APN, la justice et toutes les institutions de la République doivent exercer leurs prérogatives loin de toute pression. Toute autre démarche est à interpréter comme étant celle visant à inhiber la volonté du peuple à aller rapidement vers le changement», a-t-elle expliqué.
Abordant le volet économique, Louisa Hanoune a indiqué qu’il faut mettre fin aux pratiques en cours en termes de gestion économique avec la renationalisation de la totalité des entreprises publiques. Sur sa lancée, elle n’a pas manqué de tenir un réquisitoire sans concession à l’encontre des dirigeants actuels du pays.
«La crise sociale ne cesse de prendre de l’ampleur de jour en jour. La corruption sous toutes ses formes, l’insalubrité, le chômage, l’insécurité, les abus en tout genre, sont autant de fléaux auxquels la majorité des Algériens sont confrontés au quotidien», a estimé d’emblée Louisa Hanoune. Elle a pointé du doigt l’Etat qui, selon elle, en déliquescence, a totalement abandonné ses prérogatives au profit des affairistes et autres prédateurs.
Louisa Hanoune a également affirmé que le gouvernement doit rapidement réagir pour prendre des mesures concrètes dans les meilleurs délais. «Les citoyens ont besoin d’actes plutôt que de promesses sans lendemain», a-t-elle affirmé.
S’inquiétant du risque dangereux de recul de la démocratie et de la liberté d’expression dans notre pays, elle a indiqué que l’Algérie est au bord de l’explosion sociale. «Plus que jamais s’imposent des élections législatives et locales anticipées immédiates. C’est la seule solution qui nous permettrait d’éviter cette explosion», a-t-elle ponctué son discours.
Fidèle à la ligne politique socialiste de son parti, la dirigeante du PT n’avait pas omis au début de son intervention de défendre cette option qui garantit l’égalité entre les enfants d’un même pays, tout en renouvelant son soutien indéfectible au Venezuela qui fait face, selon elle, à des provocations impérialistes menées par la CIA et qui vont à l’encontre des intérêts de ce peuple d’Amérique latine.
A. Bouacha
Source: http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/04/05/article.php?sid=176872...
