Gouvernement Sellal, un an après : statu quo et cacophonie

Source: 
TSA
Publication date: 
May 05 2015

Le 5 mai 2014, le président, Abdelaziz Bouteflika, fraîchement réélu pour un quatrième mandat décide de reconduire son directeur de campagne Abdelmalek Sellal à la tête d’un nouveau gouvernement, dominé par les « technocrates ». Le FLN et le RND, les deux principaux alliés de Bouteflika perdent des portefeuilles ministériels. Les observateurs  parlaient à l’époque d’un « gouvernement de transition », mandaté pour gérer les affaires courantes. Ça ne sera pas le cas. Le staff, donné plusieurs fois comme partant, est maintenu une année après.

Mise en garde du FMI

Dans quelques semaines, le premier ministre devra présenter son bilan devant le Parlement. Mais avant ce rendez-vous, le FMI, dans un rapport publié ce mardi 5 mai, a adressé une sévère mise en garde aux autorités algériennes : si les réformes économiques sont différées, il faudra vraisemblablement procéder plus tard à un ajustement plus brutal et coûteux. Cela d’autant plus que la baisse du pétrole, principale source de revenus de l’Algérie devrait persister jusqu’à 2020, selon le rapport.

Qu’a fait le gouvernement pendant cette année pour éviter le pire ? Pas grand-chose. Tous les ministres, sans exception, ont été mobilisés pour rassurer les Algériens sur la capacité du pays à faire face à la crise tout en continuant à puiser dans les caisses de l’État pour financer le logement, les transferts sociaux, les augmentations de salaires…

C’est le prix à payer pour acheter la paix sociale. Mais cette stratégie tiendra-t-elle encore longtemps ? Le gouvernement qui a continué de dépenser sans compter s’est montré encore une fois incapable de proposer une alternative sérieuse à la dépendance à l’égard du pétrole, affichant un manque de visibilité flagrant et une incapacité d’agir.

À plusieurs reprises, Abdelmalek Sellal et ses ministres ont promis de diversifier l’économie nationale sans jamais expliquer clairement comment atteindre cet objectif. Les moyens n’ont pas été mis pour l’atteindre. Le gouvernement semble même prendre son temps comme le montre le bocage du nouveau Code de l’investissement très attendu par les partenaires de l’Algérie. Le texte finalisé et transmis à la chefferie du gouvernement illustre bien l’image d’un pays qui ne sait plus quel chemin prendre.

Cacophonie gouvernementale

Incapable de proposer une alternative au pétrole, le gouvernement est également impuissant face à des dossiers moins stratégiques. Le 14 avril, le premier ministre annule une instruction signée quelques jours auparavant par son ministre du Commerce concernant la vente de l’alcool. Amara Benyounes n’avait pas consulté Abdelmalek Sellal. Il se retrouve désavoué. Ce désaveu traduit un malaise et des non-dits dans la gestion des affaires de l’État.

Certaines indiscrétions affirment que Sellal ne contrôle pas tous ses ministres. Les départements clés tels que l’Intérieur, la Justice, l’Energie, lui échappent. Une situation qui a mis le  gouvernement dans des situations inconfortables à de nombreuses reprises, notamment à In Salah.

Durant cette année, le gouvernement a également montré qu’il était fragile et extrêmement vulnérable face à la contestation sociale. Il a cédé aux policiers et aux enseignants qui ont exigé des augmentations de salaires dans un contexte économique très complexe dans l’objectif de maintenir le calme. D’autres contestations pointent à l’horizon, avec de nouvelles exigences. Le gouvernement sera amené à faire des choix difficiles, parfois douleureux.

Mais Sellal aura-t-il les moyens de mettre en place une nouvelle politique ? La réponse dépendra en grande de partie du président Bouteflika, le véritable patron du gouvernement.

 

Par:Achira Mammeri

Source: http://www.tsa-algerie.com/20150505/gouvernement-sellal-u-an-apres-le-st...