Nouveau gouvernement : les enjeux du remaniement

Source: 
TSA
Publication date: 
May 14 2015

Il l’a remanié. Enfin. Envisagé dès la fin de l’été 2014, reporté à plusieurs reprises, le remaniement ministériel a finalement eu lieu ce jeudi 14 mai.  Au moment où personne ne l’attendait presque plus.

Mais au-delà de la composition du nouveau gouvernement avec son lot de partants et de nouveaux arrivants, ce remaniement suscite aux moins trois interrogations.

Quel avenir pour la révision de la Constitution ?

La Première, sans doute la plus importante sur le plan politique, concerne l’avenir du projet de révision de la Constitution. Ces derniers mois, le remaniement ministériel et la révision constitutionnelle semblaient étroitement liés. Le premier devait intervenir après la seconde. Plusieurs responsables politiques l’ont clairement laissé entendre. Pourtant, le chef de l’État a fini par remanier le gouvernement sans avancer sur la nouvelle Constitution.

Le projet est-il renvoyé aux calendes grecques ? Sans aller jusqu’à confirmer cette thèse, le patron du FLN reconnait dans une déclaration à TSA, après l’annonce du remaniement, que l’adoption de la nouvelle constitution pourrait effectivement « être renvoyée à la prochaine rentrée sociale ». Reste à savoir si cette nouvelle échéance sera respectée. Ce énième report ouvre la voie à toutes les possibilités.

Pourquoi de tels changements ?

Deuxième question importante : pourquoi le Président a-t-il  opéré un changement maintenant ?  Certes, plusieurs ministres ont été, ces dernières semaines, les cibles de critiques et d’accusations de corruption, de mauvaise gestion. Ils sont devenus trop encombrants pour le gouvernement. C’est le cas de Nadia Chirrabi Labidi,  Mohamed Tahmi et  Mohamed Djellab. Ils ont été sacrifiés.

Mais il se trouve qu’ils ne sont pas les seules visés par les attaques ou les soupçons. Amar Ghoul, dont le nom est étroitement lié au scandale de l’autoroute Est-Ouest et dont le passage au ministère des Transports est catastrophique de l’avis même de ses proches, reste au gouvernement où il siège depuis 1999, année de l’arrivée au pouvoir de Bouteflika.

Amara Benyounes, désavoué publiquement par Abdelmalek Sellal qui a annulé son instruction sur l’alcool, conserve son portefeuille du Commerce.  Abdesselam Bouchouareb, qui n’entretient pas les meilleurs rapports avec  son Premier ministre,  est toujours ministre de l’Industrie. Abdelmadjid Tebboune,  donné  comme partant, reste aussi. Avec le maintien de ces ministres, on peut difficilement dire que Bouteflika a suivi l’avis de son Premier ministre. Sellal hérite d’un nouveau gouvernement aussi difficile à gérer que l’ancien.

Autre cas qui suscite des interrogations : Yousf Yousfi. Très critiqué pour sa gestion du secteur de l’Énergie et du dossier du gaz de schiste, le ministre de l’Énergie a été défendu publiquement par le président de la République lors d’un conseil  interministériel restreint. Le ministre a également été défendu par Louisa Hanoune qui l’a présenté comme un homme intègre dans un gouvernement composé à « 30% de corrompus ». Mais l’homme entretenait des relations compliquées avec Abdelmalek Sellal. Aujourd’hui, son départ reste une énigme.

Quelles missions pour le nouveau gouvernement ?

Trois et dernière question : que faut-il attendre de ce nouveau gouvernement ? Ce changement ne semble pas obéir à des enjeux politiques ou même économiques importants. Comme la précédente, la nouvelle équipe gouvernementale sera appelée à gérer les affaires courantes sauf que la conjoncture n’est plus la même.

L’absence prolongée du Président, les doutes sur la révision constitutionnelle, la baisse des revenus de l’État avec la chute du prix du baril va compliquer la mission des ministres, surtout ceux qui seront en première ligne : Finances, Commerce, Industrie… Mais pour le Président et son entourage, les enjeux se situent ailleurs.

 

Par: Achira Mammeri 

Source: http://www.tsa-algerie.com/20150514/nouveau-gouvernement-les-enjeux-du-r...